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JDMAI #93

Annihilation – Jeff VanderMeer : Je cherchais un livre dans l’esprit de la série Lost et ça commençait plutôt pas mal, même très bien. Puis finalement ça c’est dirigé dans une direction vraiment trop étrange pour s’arrêter brutalement. Plein de doute, mais envie d’en savoir plus avec la suite.

Observation had always meant more to me than interaction.
[Annihilation – Jeff VanderMeer]

Authority – Jeff VanderMeer : C’est pareil mais différent. Bon là j’ai laissé le bénéfice du doute, et quand j’ai compris que ça n’allait nulle part, j’avais déjà lu plus d’un tiers donc j’ai continué jusqu’à la fin par principe. Sans intérêt.

So long as you don’t tell people you don’t know something, they’ll probably think you know it.
[Authority – Jeff VanderMeer]

Call for the Dead – John le Carré : L’intrigue est intéressante mais avec des détails bien trop compliqués et inutiles; et surtout un style abominable. Je n’ai pas arrêté de revenir en arrière, pensant avoir manqué un passage qui me permettrait de comprendre ce qu’il se passe. Non. C’est simplement le style de l’auteur.
A chaque fois que j’arrivais à rentrer dans l’histoire, hop, un saut de temps ou de lieu, totalement improbable, et j’étais perdu.

The Weybridge road was packed with traffic as usual. Mendel hated motorists. Give a man a car of his own and he leaves humility and common sense behind him in the garage. He didn’t care who it was – he’d seen bishops in purple doing seventy in a built-up area, frightening pedestrians out of their wits.
[Call for the Dead – John le Carré]

L’Alchimiste – Paulo Coelho : Plutôt très friand de la chose sur les trois premiers quarts, malgré la simplicité du texte. Des idées vraiment intéressantes sont abordées et potentiellement très prenantes.
Cependant la dernière partie est vraiment too much et fait perdre son authenticité au texte.
Aucun doute que c’est le genre de livre qui divise.

Et, comme le disait le chamelier, mourir demain valait tout autant que mourir n’importe quel autre jour. Chaque jour était fait pour être vécu ou pour quitter ce monde.
[L’Alchimiste – Paulo Coelho]

#Playlist

Tandem – 93 Hardcore : C’est très cliché mais j’étais un peu obligé.

Brutalismus 3000 – Boiler Room Festival London 2021 : En explorant le filon Ascendant Vierge, je suis tombé sur ce duo allemand à la fois très similaire et… très différent. Pas de morceau particulier à suggérer. Découverts via ce live et j’y reviens finalement régulièrement tant il est puissant. Le fait que j’apprécie fortement leur musique mais qu’être dans les spectateurs aurait été une véritable torture pour moi ne fait qu’ajouter à l’intérêt que j’ai pour cet enregistrement.

Majes – Macron Explosion : On continue sur du bon son brut pour les truands. Le remix de la scène de manifestation est bien géré et parfaitement intégré à une instru au top. Par contre le DJ avec son tee-shirt dix fois trop grand, j’ai pas trop saisi le délire.

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Le cycliste alpha

Cette année j’ai recommencé à participer aux brevets cyclistes[1] organisés par les clubs des villes alentours, pratique stoppée pour des raisons évidentes en 2020.

A l’époque j’avais remarqué un comportement particulier de la part de certains cyclistes mais j’ai l’impression que c’est de plus en plus commun et/ou flagrant. Peut-être parce que je roule différemment ? Ou car ce profil s’est multiplié/aggravé ? Aucune idée.

Je m’explique.

Quand je participe à ces brevets, j’y vais seul et généralement je fais la majorité du parcours seul. Je fais ma vie et me préoccupe aussi peu que possible des autres. Il m’arrive régulièrement de rattraper et de dépasser des groupes de participants qui roulent bien plus tranquillement que moi.
Dans ces groupes, il y a de manière quasi-systématique un cycliste, toujours un homme (il faut dire que les femmes sont ultra-minoritaires sur ce genre d’évènement) qui a un niveau supérieur au reste du groupe, qui roule à l’avant gauche et qui a une attitude générale que je qualifierai d’agressive. Que ce soit dans son attitude sur le vélo, ses trajectoires, sa façon de toujours regarder dans tous les sens quand les autres se contentent de rouler tout droit et de regarder devant.
Là où j’en viens à les appeler cycliste alpha, c’est évidemment la façon inappropriée dont est utilisé le terme alpha aujourd’hui, car quand je m’apprête à les dépasser, ils vont faire un écart sur la gauche pour m’empêcher de passer et/où vont faire un effort pour essayer de prendre ma roue.
C’est complètement con, parfois dangereux (ce matin quand l’un d’eux a fait un écart à gauche alors qu’une voiture arrivait en face, j’ai été obligé de piler pour éviter l’impact; raison pour laquelle j’écris ces lignes) et ça n’a absolument aucun intérêt car fondamentalement ils ont prévu de rouler avec leur groupe, donc même s’ils me suivent pendant un temps, ils vont devoir relâcher pour retrouver ceux qu’ils ont abandonné.
Que ce soit sur le plat ou en montée, c’est pareil.

Ce qui est important à noter aussi, c’est que ça ne se produit que quand un cycliste seul dépasse un groupe. Je n’ai jamais constaté ce comportement quand un groupe en dépassait un autre.

[1] : Un brevet cycliste c’est un évènement, généralement organisé par un club/une association, auquel on s’inscrit en remplissant un formulaire très sommaire et en s’acquittant de frais d’inscriptions relativement faibles (majoritairement 3€ en 2023).
Depuis le point de départ, on choisit l’un des circuits de différentes distances proposés et on suit les flèches (peinture au sol sur la route ou petites pancartes aériennes) pour rejoindre le point de départ.
Sur le parcours, un ou plusieurs ravitaillements (nourriture et boisson) sont généralement proposés pour les distances supérieures à 30km et à l’arrivée, une boisson et un sandwich sont également proposés.
Le départ a lieu dans un intervalle horaire déterminé par l’organisation (généralement entre 7h et 10h), cela se déroule sur route ouverte (le respect du code de la route reste primordial) et il n’y a aucun chronométrage.
L’idée étant de profiter d’un parcours tracé et balisé par l’organisation, seul ou accompagné, tout en ayant accès à du ravitaillement, simplifiant cette partie logistique pour les participants.
L’argent récolté sert à financer les activités des organisations et il existe une réciprocité entre celles-ci (le club A vient massivement au brevet du club B, alors le club B viendra massivement au brevet du club A…).

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C’est la rentrée

Ça a commencé ce matin avec le neveu qui faisait sa rentrée en grande section dans l’école de son village.

Puis ce midi avec des lycéens lillois qui sortaient de leur première matinée de cours et se ruaient sur leur paquet de cigarettes; suivis quelques dizaines de minutes plus tard par des étudiants d’une école de management, arborant des costards mal taillés et dans lesquels ils étaient tout sauf à leur aise.

Mais surtout, et c’est une constante depuis une dizaine d’années que je l’observe : le premier lundi de Septembre, c’est à la fois celui de la rentrée mais aussi celui qui suit la Braderie.
Résultat, en ce jour spécial, les supermarchés sont à la fois à moitié vides, après avoir été dévalisés pendant le weekend et parce que les livraisons ont été plus rares; et également remplis d’étudiants fraîchement débarqués qui viennent faire leurs courses pour la première fois et sont un peu perdus.
Cette année encore, c’est une petite dizaine d’individus que j’ai pu aiguiller vers les bons rayons au cours des 15 minutes passées dans mon Carrefour.

J’ai toujours trouvé cela fascinant car il n’y a vraiment aucun autre jour comme celui-ci dans l’année.
J’imagine qu’ensuite chacun adapte sa mission courses à ses horaires d’études/travail dans la semaine et que le supermarché devient un peu plus familier.

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JDMAI #92

Crime et Châtiment – Fiodor Dostoïevski : C’est particulièrement bien écrit et difficile de décrocher tant c’est fluide et ça résonne de vérités, malgré quelques difficultés avec les unités de lieu et surtout de temps.
Par contre je ne sais absolument pas quoi en tirer ? Probablement trop psychologique pour moi…
Tout ce que je vois, à la fin, c’est que (attention spoilers) Raskolnikoff a, par ses actions, sorti Sonia de sa bien triste existence et lui a donné non seulement une raison d’être, en tant que fée des autres prisonniers et de leur famille, mais également un objectif, consistant à construire une vie avec lui à sa libération.
Et finalement, en tuant deux personnes, il a, indirectement, changé la vie, pour le mieux, de dizaines d’autres.
Suis-je un psychopathe pour faire cette observation ?

Les individus qui en étaient infectés devenaient à l’instant même fous furieux. Toutefois, chose étrange, jamais hommes ne s’étaient crus aussi sages, aussi sûrement en possession de la vérité que ne croyaient l’être ces infortunés. Jamais ils n’avaient eu plus de confiance dans l’infaillibilité de leurs jugements, dans la solidité de leurs conclusions scientifiques et de leurs principes moraux.
[Crime et Châtiment – Fiodor Dostoïevski]

Casino Royale – Ian Fleming : Mais qu’est-ce ?! Je savais, de par le contenu des premières adaptations cinématographiques et surtout les critiques des livres, que le sieur Fleming n’y était pas allé avec le dos de la cuillère sur les propos misogynes, racistes… J’ai tendance à ne pas être choqué facilement par ce genre de chose, tant que ça a du sens et que ça sert le récit.
Là par contre, ça dépasse l’entendement. Et c’est l’attitude générale de James Bond qui est comme ça, en permanence; et on atteint des sommets lors de ses monologues internes où il part dans des directions complètement folles.
A tel point que je n’ai aucun mal à affirmer que quiconque a lu ce livre et voit toujours James Bond comme quelqu’un de normal, est lui-même un sociopathe qu’il vaut mieux fuir.
Si au moins l’histoire était intéressante… Raté ! L’auteur passe plus de temps à décrire avec minutie des parties de baccara, la voiture et les repas pris par le personnage principal, que de proposer du contenu excitant sous forme d’espionnage ou de scènes d’action.
Son style est en plus très simpliste, à la limite du mépris intellectuel.
A tel point qu’on a l’impression de lire une fanfiction de la franchise cinématographique, plutôt que le livre originel.
C’est d’ailleurs mon observation finale : c’est incroyable qu’un livre aussi mauvais ait pu donner naissance à l’une des plus grandes franchises cinématographiques et l’un de meilleurs jeux vidéo de l’histoire !

And then there was this pest of a girl. He sighed. Women were for recreation. On a job, they got in the way and fogged things up with sex and hurt feelings and all the emotional baggage they carried around. One had to look out for them and take care of them.
[…]
This was just what he had been afraid of. These blithering women who thought they could do a man’s work. Why the hell couldn’t they stay at home and mind their pots and pans and stick to their frocks and gossip and leave men’s work to the men.
[…]
She was thoughtful and full of consideration without being slavish and without compromising her arrogant spirit. And now he knew that she was profoundly, excitingly sensual, but that the conquest of her body, because of the central privacy in her, would each time have the sweet tang of rape.
[Casino Royale – Ian Fleming]

#Playlist

Ascendant Vierge – Petit Soldat : Un chef d’œuvre absolu. Parfaitement sublime. Pas nécessairement ce qui s’écoute de mieux en musique chez eux (voir Influenceur par exemple) mais le clip musical, c’est à dire l’assemblage de la vidéo et du morceau, c’est totalement fou. Un petit détail qui montre le génie de la chose : 95% des images sont issues de films mais les extraits sont tellement courts (et cependant tellement expressifs) que la vidéo dans son ensemble ne peut être détectée comme enfreignant des copyrights. Parfait.

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JDMAI #91

The Bullet That Missed – Richard Osman : Troisième livre de la série, un excellent développement des personnages fil rouge, en parfait équilibre avec l’enquête principale. Drôle, attachant, prenant, fluide. La narration qui change de personnage permet vraiment de développer pleinement chacun d’eux. Top !

I have been googling, but there’s not much out there. I got so desperate I even used Bing, but the results were the same, if a bit slower.
[The Bullet That Missed – Richard Osman]

The Royal Road to Romance – Richard Halliburton : Livre qui m’a été suggéré après la lecture de cet article. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne m’a pas fait changer d’avis. Bien au contraire puisque son auteur, il y a un siècle déjà, faisait un constat similaire au mien. Et quand on voit ce que le tourisme a fait de certaines destinations décrites dans son ouvrage, c’est vraiment attristant. A la lecture de celui-ci, il faut vraiment être totalement naïf et/ou égocentrique pour croire une seule seconde que l’on pourrait vivre quelque chose de similaire aujourd’hui.
Ce que Richard Halliburton a vécu et raconte ici est vraiment incroyable et passionnant, avec un style très accrocheur.
Cependant, sans aborder la question du vocabulaire et/ou d’opinions qui sont peut-être liées à l’époque ou propre à l’auteur, je pense qu’il est important de noter que ce récit doit être pris tel-quel et ne doit absolument pas servir de modèle.
Déjà parce que l’auteur adopte bien souvent un comportement purement parasitaire, n’hésitant pas à mettre en danger la vie d’autres personnes pour atteindre ses lubies de jeune adulte.
Mais surtout parce que s’il s’en sort relativement bien à chaque fois, c’est en minorité dû à sa personnalité et ses capacités. La chance joue un rôle totalement non négligeable et plus important encore, le fait qu’il soit blanc et issu d’une famille aisée dans un pays riche, avec tous les réseaux qui vont avec (diplomatie, Y.M.C.A., famille, université…).
C’est assez marquant, et il le remarque lui-même : soit il tombe sur des personnes de ses réseaux pour l’aider, soit son faciès lui permet d’obtenir la confiance des locaux.
Une lecture intéressante mais à prendre avec beaucoup de recul.

Youth—nothing else worth having in the world…and I had youth, the transitory, the fugitive, now, completely and abundantly. Yet what was I going to do with it? Certainly not squander its gold on the commonplace quest for riches and respectability, and then secretly lament the price that had to be paid for these futile ideals. Let those who wish have their respectability—I wanted freedom, freedom to indulge in whatever caprice struck my fancy, freedom to search in the farthermost corners of the earth for the beautiful, the joyous and the romantic
[…]
Rangoon is a rather stupid place. For some reason, before landing there I was determined not to like it. Everybody that visits the city always rushes with bated breath and beating heart out to see the famous elephants piling teak. That’s because Cook’s guide says do it.
[The Royal Road to Romance – Richard Halliburton]

The Royal Baths Murder – J.R. Ellis : Intrigue particulièrement intéressante pour son côté meta. Le développement des personnages a tendance à trop verser dans le virtue signaling pour être réellement appréciable. C’est difficile de ne pas voir dans les personnages, et en particulier DCI Jim Oldroyd, une représentation de l’auteur. Donnant l’impression de lire le journal intime de celui-ci mais de manière déguisée. Pas nécessaire; ou en tout cas pas ce qui m’intéresse.

This stealing of ideas goes deep, doesn’t it? People get more worked up about it than when objects are stolen.
[The Royal Baths Murder – J.R. Ellis]