Après l’image, il était logique de passer à la vidéo.
Là aussi, depuis des années, j’y reviens et c’est toujours aussi drôle.
Alain Finkielkraut : Je n’ai malheureusement pas assez recueilli, emmagasiné de récits…
Passant : Jette-toi à l’eau, merde !
A.F. : J’étais peut-être…
Passant : … arrêter de parler des conneries ! C’est à cause des mecs comme toi que la jeunesse elle est perdue ! Jette-toi dans le canal ! Jette-toi dans le canal Finkiel !!! Merde !!!
A.F. : Il a dit quoi ?
Journaliste : Jette-toi dans le canal.
A.F. : Nan mais il parlait… il, il… Est-ce qu’il m’a reconnu ?
Journaliste : Oui.
A.F. : Vous pensez ? … Ah vraiment, il a… il a… il m’a appelé par mon nom ?
Journaliste : Il vous a insulté.
A.F. : Mais il a dit quoi ? Il a dit sioniste, non ?
Journaliste : Jette-toi dans le canal, Finkiel.
A.F. : Finkiel ?
Journaliste : Oui.
A.F. : C’est extraodinaire, parce qu’il reprend sa marche débonnaire, comme ci de rien n’était.
A.F. : Et normalement, je devrais juste aller lui casser la figure.
A.F. : Bon. Ne nous laissons pas distraire…
D’un côté, il n’y a absolument rien qui va, et de l’autre tout est tellement parfait qu’il aurait été impossible de scénariser cela tant c’est brillant.
- Finkielkraut qui prétend se balader quai de Valmy1 en prenant une attitude débonnaire, tout en racontant sa vie à une équipe de télévision
- Interrompu dans son monologue par un passant non identifiable et localisé de l’autre côté du Canal Saint-Martin, qui l’a reconnu et décide de lui donner son avis d’une manière assez directe
- Les propos très justes de ce passant sur qui est Finkielkraut et les dégâts qu’il fait à la société en usant de sa posture d’intellectuel pour accorder de l’importance à des sujets sans intérêt
- Le surjeu du drame du passant dans la façon dont il tient ses propos
- La répétition de la phrase jette-toi dans le canal, par le passant et la journaliste
- Finkielkraut qui cherche à minimiser la situation, d’abord en prétendant ne pas avoir compris les propos du passant, et ensuite en demandant s’il a été reconnu
- Le ton très froid et factuel de la journaliste dans ses réponses. Et qui n’hésite pas à répéter les propos du passant
- Finkielkraut qui cherche ensuite immédiatement à se victimiser et à jouer la carte piège de l’amalgame entre antisémitisme et antisionisme
- Finkielkraut qui introduit la carte piège de l’antisémitisme alors que c’est totalement hors sujet
- Finkielkraut qui joue la surprise en comprenant qu’il a bien été reconnu
- Finkielkraut comprenant que la carte de piège de l’antisémitisme ne pourra pas prendre, vu les propos tenus par le passant, tourne le dos à la caméra
- Finkielkraut qui observe pendant plusieurs secondes le passant, sans dire un mot
- Finkielkraut qui joue de nouveau la surprise vis à vis de l’attitude du passant
- Finkielkraut qui introduit alors la vengeance et la violence en représailles ; une attitude classique des sionistes2
- Finkielkraut qui réalise alors l’ampleur de la tâche, le fait qu’il n’est probablement pas équipé physiquement pour se montrer violent envers le passant, et qu’en plus, il a avec lui une équipe de télévision venue écouter, enregistrer puis diffuser ses monologues sans intérêt
- Finkielkraut qui termine avec ces propos magiques, après avoir stoppé sa marche débonnaire et son discours pour tenter de tirer profit de la situation, mais comprenant qu’il a perdu : “Bon. Ne nous laissons pas distraire…”
Un régal.
Disponible sur YouTube.