À une époque maintenant révolue, le slogan du principal moteur de recherche était Don’t be evil, son nom était devenu un verbe et il attirait tellement de sympathie chez ses utilisateurs, qu’il avait droit à ses propres expressions, dont Google est ton ami.

Depuis, repris dans le giron d’Alphabet, il est devenu l’une des figures de proue de l’enshittification du web et par là même le evil qu’il disait ne pas vouloir être.

Au fil des années, de multiples alternatives à Google ont vu le jour, certaines promettant de meilleurs résultats, certaines un meilleur respect de la vie privée, certaines d’autres promesses tout autant non tenues.

Aucune ne réussissait cependant à atteindre la qualité de l’expérience utilisateur fournie par Google : des réponses de qualité, dans une interface épurée et une réactivité à toute épreuve.

À plusieurs reprises, j’ai tenté pendant plusieurs semaines de me forcer à utiliser DuckDuckGo, convaincu que c’était la bonne chose à faire ; en l’installant par défaut sur mes différentes machines.
Mais huit fois sur dix, non satisfait des résultats proposés par DDG, je faisais la même recherche, agrémentée du bang me permettant d’accéder à Google.
Terrible d’inefficacité.

Puis la tendance a progressivement changé. Non pas parce que les concurrents devenaient meilleurs ; mais parce que Google devenait de moins en moins pertinent et agréable à utiliser.

Décidés à traire la vache publicitaire jusqu’à la dernière goutte, chacune de mes recherches m’amenait à tomber sur du contenu sans intérêt pour moi, mais qui permettait à Google d’engendrer de l’argent.
En effet, malgré la présence d’extensions chargées de bloquer les publicités sur mon navigateur, les vrais résultats proposés par Google sur sa première page étaient en majorité de fausses vitrines gorgées de liens affiliés sur lesquels Google prélève sa dime, ou de publicités gérées par Google.
À tous les coups, ils gagnent. À tous les coups, je perds.

Régulièrement, Google apportait des modifications à son moteur de recherche qui ne faisaient que rendre l’expérience encore plus désagréable.

Et puis, en 2022, un énième moteur de recherche a fait son apparition publique : Kagi.

Kagi Doggo

Seulement, cette fois, la promesse était différente de toutes celles vues jusqu’alors. Un moteur de recherche par des professionnels, pour des professionnels et, surtout : payant.

Un concept absolument incroyable : faire payer les utilisateurs pour leur fournir un service ; plutôt que de se baser sur de la publicité ou de l’argent sale.
Personnellement, c’est vraiment l’argument principal qui m’a poussé à m’intéresser sérieusement à Kagi ; car pour moi, il ne fait aucun doute que l’enshittification du web est le fait d’entreprises avec un business model malsain.
Certes, ce n’est pas imparable, mais si une entreprise fait payer le juste prix à ses clients, le risque qu’elle décide de se retourner contre eux pour en tirer encore plus de profits est limité.

Les premiers mois ont été compliqués : des lenteurs, des résultats pas à la hauteur, un outillage brouillon, et divers changements sur la tarification…

Pour autant, c’est normal pour une entreprise de cette taille et avec un travail si grand à abattre ; mais ça m’empêchait d’en faire mon moteur de recherche principal.
J’utilisais différentes offres, avec un nombre limité de recherches.
Je voyais les progrès, mais j’avais toujours cette épée de Damoclès du quota de recherches mensuelles.
Et comment connaître mon véritable usage d’un moteur de recherche si je ne l’utilise pas réellement ?

Jusqu’à ce qu’en septembre, ils annoncent leur nouvelle tarification : $10/mois pour un nombre de recherches illimité.

Aujourd’hui cela fait donc un peu plus de six mois que Kagi est devenu mon moteur de recherche par défaut, et bien plus que ça : mon ami. L’occasion de faire un bilan.

Une de mes inquiétudes avec leur ancienne tarification, c’était la limitation du nombre de recherches mensuelles. Maintenant, j’ai un bon aperçu de mon usage :

Kagi Count

Avec une limitation à plusieurs centaines de recherches, je n’aurais pu utiliser le moteur de recherche comme je le souhaitais. Ici, pas de soucis.

Maintenant, concernant Kagi, si je devais tenter un résumé de ce qui m’a convaincu :

Concernant les points négatifs ?
Je n’en vois qu’un seul : ça me paraît trop beau pour être vrai.
J’en ai déjà parlé, mais j’accorde une grande importance au business model des entreprises desquelles je choisis les produits/services, car je ne veux pas que ceux-ci périclitent par manque de rentabilité.
Pour Kagi, certains pourraient dire que $10/mois (voire $25 dans mon cas) pour ce que Google propose gratuitement (c’est faux sur des centaines de niveaux) est excessivement cher ; et, oui, je ne serais pas contre ne payer que $5/mois ; mais ayant un certain recul sur l’industrie, je me dis que $25/mois pour un tel niveau de service, c’est peu et ça ne peut pas être viable.
Si ce n’est pas viable, que va-t-il se passer ?
La boîte va couler ?
Ils vont introduire des publicités ?
Ils vont tripler leurs tarifs ?
Régulièrement Vladimir se veut rassurant sur la question en indiquant qu’ils ont fait les maths et que tout est aligné pour que Kagi continue sa mission d’améliorer le quotidien des travailleurs du numérique, mais reste le doute.
Et on est nombreux à l’avoir.
Ce qui en soi est finalement peut-être une bonne chose : Kagi est tellement une réussite par rapport aux autres produits auxquels on est habitués qu’il est dur de croire que ce soit possible sur la durée.

Dans les autres critiques que j’ai pu lire sur le sujet, c’est le respect de la vie privée.
En effet, pour fonctionner, Kagi nécessite d’être connecté1, ce qui permet techniquement à l’entreprise de collecter des informations sur nos recherches pour ensuite en faire ce qu’ils veulent, et, pourquoi pas, les revendre.
J’entends la critique, mais je ne vois pas d’autre solution.
Comment personnaliser les résultats et s’assurer qu’on est un client, sans demander un minimum d’informations d’identification ?
C’est un choix à faire : privilégier le respect de la vie privée (en faisant confiance à une entreprise financée par la publicité) et avoir une expérience de recherche de moindre qualité, ou faire confiance à une entreprise que l’on paie pour nous fournir la meilleure expérience de recherche à date.

Une chose à bien comprendre concernant Kagi : contrairement aux autres moteurs de recherche, leur objectif n’est pas de remplacer Google.
Ils ne veulent pas devenir le moteur de recherche par défaut de Madame Michu, pour la simple et bonne raison que Madame Michu, elle n’a fondamentalement aucune raison de payer chaque mois pour un moteur de recherche. Son usage en étant bien trop limité pour le justifier.
La cible de Kagi ce sont les utilisateurs ayant un usage avancé de ce type d’outil et qui n’auront aucun mal à justifier de passer à la caisse chaque mois pour accéder à un service de bien meilleure qualité que ce qui est proposé gratuitement.
Ils ne visent pas des millions d’utilisateurs, mais cherchent à établir une userbase pérenne.
Et ça me semble bien plus sain que ce que proposent d’autres entreprises, sur ce marché en particulier, ou ailleurs.

Aujourd’hui, quand je me retrouve sur un ordinateur sans Kagi et tombe sur Google, ça me fait exactement la même sensation que d’aller sur un ordinateur sans bloqueur de pubs : c’est quoi cette merde ?!

Note pour la forme : ceci n’est pas un article sponsorisé, Kagi ne fait d’ailleurs aucune promotion de la sorte.
Le service proposé par cette entreprise a tellement révolutionné mon quotidien que je me sens obligé d’en parler pour, pourquoi pas, convaincre d’autres personnes d’essayer et de voir par eux-mêmes ce que Kagi peut leur apporter.


  1. En réalité utiliser un token dans les requêtes pour que Kagi sache qu’on a payé son abonnement et puisse personnaliser les résultats selon nos paramètres ↩︎