Plus de dix ans et une pandémie après le dernier épisode du sixième livre de la série Kaamelott, le premier volet de la trilogie cinématographique sort enfin dans les salles. Environ une semaine après les annonces concernant Passe Sanitaire, qui sera alors obligatoire pour se rendre, entre autres, au cinéma.
Dans le contexte actuel, je n’avais initialement pas prévu d’aller le voir, en tout cas pas dans les premières semaines, pour éviter les foules. Et parce que je n’ai pas mis les pieds dans une salle de cinéma depuis des années et à vrai dire, je ne m’en porte pas plus mal.
Mais à côté de ces arguments “contre”, ceux en faveur d’un déplacement à l’UGC s’accumulent : en tant que fan de la série ce serait me trahir que de ne pas y aller, ce serait manquer de respect au travail d’Astier, surtout qu’il a bien insisté sur le fait qu’il a tourné pour le cinéma, avec les nouvelles restrictions, peu de monde se rend au cinéma alors il est important de montrer son soutien… et surtout, une semaine après avoir reçu ma seconde dose mRNA-1273, me voilà titulaire d’un Passe Sanitaire dont l’utilité me concernant risque d’être quasi-nulle; vie d’ermite oblige.
Quand la balance est autant déséquilibrée il faut savoir faire face à la réalité et prendre ses responsabilités.
Me voici donc de retour dans une salle obscure, un samedi matin de juillet; pendant que ça chasse-croise dans les embouteillages.
Avant d’entamer une éventuelle critique/analyse du film, je tiens à noter que je fais partie de ceux qui ont absolument adoré (et adorent encore; je dois regarder l’équivalent d’un livre par mois toute l’année) les quatre premiers livres de la série et qui ont apprécié les deux derniers, voient ce que ça apporte à l’ensemble… mais qui auraient préféré que la ça continue comme avant ou que simplement cela se fasse différemment, dans un autre contexte; un vrai préquel par exemple.
Plus le film s’approchait, et plus j’avais le sentiment que je risquais d’être déçu. Pour éviter cela, j’ai tout naturellement essayé d’imaginer à quoi il pouvait correspondre : un film d’heroic fantasy à la Astier, saupoudré de l’humour Kaamelott.
Et ça a plutôt bien marché puisqu’il s’avère que c’est exactement ça. Je ne suis pas déçu.
Pour autant, forcément, j’espérais au fond de moi me tromper et avoir droit à une vrai belle surprise. Ce ne fut pas le cas.
Comme il l’explique très bien lui-même, Astier a sa propre version de l’heroic fantasy, ce qui fondamentalement n’est pas un problème mais qui ici en est un à mes yeux. Concrètement ça se traduit par un contexte qui est là parce qu’il en fallait un, mais ce qu’il raconte pourrait tout aussi bien se passer à n’importe quelle autre période de l’histoire de l’humanité. Quand c’était la série, avec des épisodes de trois minutes, c’était tout à fait normal de survoler le contexte. Ici, pour un film, on reste clairement sur sa faim. Il n’y a pour ainsi dire aucun nouveau concept d’introduit et tout se base finalement sur l’histoire.
Parlons-en de l’histoire. Sur ce point, j’en viens à demander si je ne me suis pas endormi pendant le film, ou si des parties n’ont pas été coupées à la diffusion car sincèrement, tout cela me semble d’une simplicité déconcertante.
On nous présente une situation, qui vient à se retourner sans qu’on sache pourquoi, puis on déroule une très classique, brève et simplifiée, histoire de vengeance d’un héro sur les méchants. Lorsque l’on comprend que le film est déjà fini et que les dernières minutes sont utilisées pour annoncer le prochain, c’est presque la douche froide. Ça vient tout juste de commencer et c’est pourtant terminé. Il faut dire qu’avec tous les personnages qu’il fallait introduire, on a perdu pas mal de temps.
Les personnages. Pas mal de nouvelles têtes. Certaines prometteuses (oui, prometteuses, rien de concret encore malheureusement), d’autres qui là mais sans plus. A côté, on retrouve évidemment la quasi-intégralité du casting de la série. Et forcément, tout se beau monde a pris dix piges.
Résultat on a cette impression de réunion de famille après plusieurs années d’absence, où l’on réalise que l’oncle qu’on admirait est tombé, merci Mark, dans des délires conspi; que la cousine qui, alerte Christine Boutin, nous faisait questionner la pertinence de la morale, a maintenant trois enfants et donne physiquement l’impression d’en attendre trois autres; et que globalement on voit bien que tout ce beau monde est plus proche de la fin que du début. Ce qui a la fâcheuse tendance à nous rappeler que, nous non plus, on n’a pas rajeuni. Forcément, c’est plutôt désagréable.
Mais surtout, ça ne marche plus. Le couple Perceval et Karadoc qui était si génial dans la série est complètement transparent ici. Toutes leurs répliques semblent forcées, et c’est pareil pour la majorité des passages comiques. Ça ne fait pas naturel, on a vraiment l’impression que ça a été mis là pour rappeler qu’il s’agit toujours bien de Kaamelott, mais c’est tout. On souri de temps en temps; on ri, parfois.
Pour revenir sur l’histoire, toujours fortement focalisée sur Arthur, cette fois on a droit a des flashback encore plus anciens que précédemment. Qui s’avèrent plutôt abstraits mais qui rappellent des situations, en particulier vis à vis d’une femme, déjà abordées. Perturbant cette espèce de redite. Et ça laisse beaucoup d’interrogations. Peut-être trop.
Fort heureusement, il y a quand même du positif dans le film. Ça reste une œuvre de qualité, soigneusement travaillée, avec une très bonne bande-son et qui se regarde facilement. En dehors de celui de Lancelot, mais c’est probablement volontaire, les costumes sont une vraie réussite, et ceux des burgondes sont absolument géniaux. C’est d’ailleurs ce que je vais retenir : les burgondes. Les costumes, la musique, les scènes, génial (oui, je me répète).
Voilà. J’irai très certainement voir les deux autres films. S’ils sortent un jour. Histoire de boucler la boucle.
Mais ce n’est pas le Kaamelott que j’aime. Ce n’est pas le genre de film que j’aime.
Ça ressemble plus à une tentative de cadeau faite aux fans nostalgiques (et aux acteurs) et je n’ai aucun doute que ça plaira à certains. Pas à moi.
En attendant, je vais pouvoir regarder les quatre premier livres des centaines de fois de plus. Je rirai toujours autant.
Je savais que ce que j’allais voir ce n’était pas la même chose alors ça n’aura aucun impact. Tant mieux.