100 mois, déjà plus de 8 ans que j’ai décidé de lancer cette série d’articles mensuels dans lequel Je Donne Mon Avis Inutile sur les œuvres culturelles que j’ai pu consommer au cours du mois précédent.

Surpris de voir que je m’y suis tenu ; désespéré de voir à quel point ça ne nous rajeunit pas

Trêve de larmoiements. On n’est pas là pour ça.

100 JDMAI, youpi ! Rendez-vous en juin 2028 pour la prochaine étape.

100 Corporate

Les Misérables (Marius) - Victor Hugo : Un début chiant, une nouvelle fois.
Une seconde partie où l’on se demande où il veut en venir.
Et une dernière partie où tout s’assemble à la perfection et qu’il est impossible de lâcher.
C’en est frustrant tellement c’est maîtrisé.
Un sans faute.

Ce frère, dont il est resté peu de souvenir, était un paisible avare qui, étant prêtre, se croyait obligé de faire l’aumône aux pauvres qu’il rencontrait, mais il ne leur donnait jamais que des monnerons ou des sous démonétisés, trouvant ainsi moyen d’aller en enfer par le chemin du paradis.
[…]
Mlle Vaubois n’avait de lumières que sur les différentes façons de faire les confitures. Mlle Vaubois, parfaite en son genre, était l’hermine de la stupidité sans une seule tache d’intelligence.
[…]
Ce qu’il éprouva en ce moment échappe à la langue humaine. C’était Elle. Quiconque a aimé sait tous les sens rayonnants que contiennent les quatre lettres de ce mot: Elle.
[Les Misérables (Marius) - Victor Hugo]

South Park (Saison 25) : Pas convaincu du tout.
Les épisodes dans la vraie tradition South Park marchent vraiment bien ; mais ceux qui tentent d’utiliser des concepts bien plus récents, sonnent creux.
Tout le délire autour du cannabis et de la ferme Tégrité est devenu totalement insupportable.
Est-ce la stratégie des créateurs pour exprimer leur lassitude face à des situations liées à la légalisation dans de nombreux états ?
Ou est-ce un manque total d’imagination ?
Une chose est certaine : c’est insupportable !

Félicitations et tout et tout - Benjamin Tranié : Superbe !
On passe encore un niveau au-dessus du spectacle précédent.
La première chose à noter c’est la façon dont il a parfaitement réussi à se séparer de son personnage du Beauf qui l’a rendu célèbre.
Totalement absent du spectacle, il est cependant présent dans chacun des participants, démontrant une nouvelle fois qu’“on est tous le beauf de quelqu’un !”.
Ca démarre très fort, avec un discours de Romain de Bontaga qui m’a fait craindre que je ne tiendrai pas un tel rythme : j’ai rapidement commencé à pleurer (de rire) et à ressentir des douleurs aux joues tellement l’enchaînement des punchlines était intense.
On retrouve ensuite, heureusement, un rythme plus humain et des personnages inédits et toujours aussi réalistes.
Les références pleuvent ; que ce soit autour du lore Tranié ou de manière plus générale.
Le fil rouge est tenu, ça va dans tous les sens, tout le monde en prend pour son grade, dont d’autres humoristes et certaines personnalités, avec une violence succulente.
L’humour, le vrai : ni politiquement correct, ni réac’ ; créatif et humain.

Severence (Saison 1) : Je retardais son visionnage depuis un moment et j’ai décidé de profiter d’un contexte personnel adapté pour m’y mettre.
C’est un 10/10 !
Ils ont réussi à créer un univers unique, mélangeant technologies futuristes et vintages ; avec ses codes, ses religions, ses personnages historiques…
Visuellement, c’est superbe : les décors sont magnifiquement travaillés et les plans filmés au millimètre.
L’histoire est déroulée avec brio : suffisamment lentement pour qu’on puisse ingérer le gros des particularités tout en ayant envie d’en savoir plus et surtout en glissant partout des indices pour satisfaire les nerds qui vont analyser chaque séquence pour obtenir plus d’informations.
L’épisode final est rythmé d’une telle manière que j’étais totalement scotché devant ma télé ; l’infusion que j’avais posée sur la table basse n’a pas été touchée ; vraiment impossible de décrocher.
Si les dernières secondes peuvent donner envie de connaître la suite (une saison deux étant dans les tuyaux) ; je serais satisfait de laisser les personnages ici.
Certes, ils créent une inconnue totale, mais non seulement les milliers de scénarios que peuvent s’imaginer les téléspectateurs sont tous valides, mais notamment j’ai peur que la décision prise par les auteurs vienne me gâcher le plaisir.
À voir.
Reste la question du fond.
Sans entrer dans le détail, on pourrait dire que la série est une critique du capitalisme et en particulier de l’importance prise par les grandes entreprises dans notre civilisation.
Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est qu’elle a été financée et diffusée par Apple.
En termes de multinationale avec beaucoup trop de pouvoir, on fait difficilement pire.
Et c’est difficile de ne pas faire le lien, surtout quand on voit les bureaux de Lumon Industries, l’entreprise fictive de la série, et ceux d’Apple dans la Californie bien réelle.
Alors quel est le jeu de la société à la pomme ici ?
Pourquoi ils financent une création qui les critique ouvertement ?
Car ils savent qu’une majorité ne comprendra pas le message et ça les amuse d’autant plus ?
Car ils savent que ce qui comprendront le message ne changeront rien pour autant ?
Car ils veulent laisser croire qu’ils n’ont pas peur de la liberté d’expression, même de celle de leurs opposants ?
Je n’en ai aucune idée et ça m’agace !

Drive My Car : Wahou !
J’avais lu le livre dont est tiré le film et, de mémoire, l’histoire est bien plus courte et bien moins détaillée.
C’était intéressant, mais pas aussi prenant.
Un film d’inaction de 3h, dans une langue inconnue1 ; forcément, ça fait peur.
Et pourtant.
L’introduction dure 40mn, cependant on a l’impression que ça vient tout juste de commencer.
Chaque scène, chaque plan, chaque dialogue a son importance.
Plutôt que de dire ou de montrer, de très nombreux éléments sont suggérés, ce qui laisse à chaque l’opportunité de les saisir, les interpréter, ou simplement passer à côté.
Mettre du Murakami en image n’est pas chose aisée, et ici, c’est totalement réussi !

Curb Your Enthusiasm (Saison 11) : Débuts un peu hésitants, puis un vrai régal !
Larry est un génie ; arriver à être toujours aussi drôle, créatif et authentique après tant d’années, c’est rarement vu.
Si par le passé, il abordait des sujets pertinents, mais pas nécessairement cruciaux ; ici, il tape dans le dur et c’est très bien amené.

Fargo Tranié

South Park (Saison 26) : They’re back!
Après une saison 25 vraiment pas dingue, ce retour aux sources est d’autant plus plaisant.
Ça attaque de nouveau des sujets de société avec l’impertinence et la prise de recul qui a fait la force de la série.
L’épisode sur les toilettes japonaises m’a semblé aller même beaucoup plus loin qu’avant, en exposant de manière très explicite les problèmes liés à l’industrie du papier toilette et en ne laissant absolument aucun doute sur le message qu’ils cherchent à faire passer.
On frôle le document éducatif plus que la simple satire.
À l’inverse, les épisodes DikinBaus Hot Dogs et Spring Break sont plus classiques dans le sens où il reste de la subtilité2 et les commentaires sur ces deux épisodes le montrent : tout le monde n’a pas saisi le message.
Et la dernière excellente nouvelle, c’est que Randy arrête enfin de polluer avec sa Tégrité ; c’est même lui qui dans Spring Break vient offrir le parfait contrepoint à ce que certains avaient cru comprendre de DikinBaus Hot Dogs.
Génial !

True Detective (Saison 4) : Nope !
J’avais déjà eu beaucoup de mal avec la troisième saison, mais là, les premières minutes qui dégueulent d’effets spéciaux, le jeu complètement absurde de tous les acteurs, l’ambiance façon The Terror mais moderne…
Les critiques semblent aller dans le même sens, alors c’est arrêt immédiat après 10mn.

Louie (Saison 5) : Saison commencée en 2022 et dont j’avais oublié de finir les deux derniers épisodes.
Ça en dit un peu sur ce que j’en pense et difficile de faire un bilan complet.
On reste dans l’esprit Louie tout en restant dans le mouvement de la saison précédente ; à savoir adieu la comédie pure, bonjour la dépression.
Ouaip.

Fargo (Saison 5) : Chef d’œuvre !
C’est magnifiquement réalisé, narré, mis en musique…
Chaque personnage a totalement son rôle dans l’histoire.
Tout est expliqué.
C’est extrêmement politique et c’est à la fois subtil tout en ne l’étant pas du tout.
Là où d’habitude le propos se limite à un personnage ou un trait de personnalité, ici le spectre d’attaque est particulièrement large.
Fidèle à l’esprit de la série, c’est aussi très drôle.
Le remake de Home Alone, top.
Enfin, forcément, avoir construit la saison autour de Dot, personnage fait sur-mesure pour Juno Temple, c’est du génie.
Dans Ted Lassos, on sentait son potentiel non exploité ; ici, elle y va à fond et c’est parfait !

#Playlist

Théa - Juste Amis : Encore une découverte signée Spotify. Comment le décrire ? Avril Lavigne à la française sauce 2020’s. Avec de l’audio encore meilleur. Et c’est la porte d’entrée vers un univers incroyable, comme ce featuring reprenant le générique de Scooby-Doo et bourré de références pour lesquelles je suis limite trop vieux (oskour).

BadMonday - Techfeu : En boucle, en boucle, en boucle, en boucle !


  1. Je découvrirai d’ailleurs que les personnages ne parlent pas que japonais, mais au moins quatre autres langues… ↩︎

  2. Sauf pour Garrison, évidemment. ↩︎