Début 2023, je me suis laissé convaincre par une personne mal intentionnée, de prendre une licence auprès de la Fédération Française de Cyclisme pour pouvoir participer à des courses de cyclisme IRL.
Si, à une période de ma vie, j’ai été particulièrement axé sur la compétition, participant jusqu’à plusieurs évènements officiels par semaine, sans compter les entraînements où j’allais avant tout pour surpasser la concurrence ; j’ai radicalement changé depuis et j’ai même tendance à ressentir un dégoût envers ce que la compétition signifie pour moi.
Résultat, je me suis tenu bien à l’écart de ce milieu-là depuis, et s’il m’est arrivé de participer à des courses1, mon seul objectif était de donner le meilleur de moi-même, sans me préoccuper une seule seconde des autres participants.
Sur Zwift, cependant, les choses sont un peu différentes. J’utilise les concurrents plus forts pour me pousser dans mes retranchements, et je prends du plaisir à faire souffrir ceux plus faibles que moi.
Le fait de ne pas être physiquement confronté à ces personnes retirant l’aspect toxique que j’associe à la compétition.
Dans ces conditions, je n’avais donc aucune envie de participer à des courses de cyclisme IRL. D’autant plus qu’au-delà de l’aspect compétition, il y avait, aussi et surtout, le risque physique bien réel de choir et d’y laisser quelques semaines d’immobilisation ou quelques semaines de salaire en matériel bon à jeter.
L’envie de comparer mes performances virtuelles à celles réelles aura fini par avoir raison de mon rejet de cette idée.
Finalement, j’ai pris une licence et j’ai participé à… trois courses.
Autant être direct : je n’y ai pris absolument aucun plaisir. Que ce soit avant (le stress), pendant (le stress et la souffrance) ou après (l’impression d’avoir perdu mon temps et mon argent).
Habituellement, la souffrance de l’effort est récompensée à minima par un flux hormonal intense à court terme, et un sentiment d’accomplissement à moyen terme. Rien de tout cela ici.
Le nombre de courses étant tellement restreint chaque semaine, que même si on s’aligne sur la toute première course de sa vie, et s’il existe de nombreux niveaux réglementaires ; on se retrouve à courir2 contre des personnes qui font ça 30 fois par an depuis leur enfance. Autant dire qu’au-delà des capacités physiques brutes, de multiples autres facteurs entrent en jeu (le placement, l’appartenance à une équipe, l’agressivité…) pour faire en sorte que la tête de course ne soit rapidement qu’un vague souvenir.
Sur la première course, une personne est même tombée devant moi dès le troisième tour3 et je n’ai dû mon salut qu’à un réflexe qui m’a poussé à sauter par-dessus. Absolument rien pour réduire mon inquiétude face au risque physique.
Il y avait évidemment l’agressivité générale des participants, prêts à t’envoyer dans le décor pour passer avant toi dans un virage ; les stratégies très surprenantes des grosses équipes qui attaquaient à des endroits/moments incongrus ; les plaintes d’autres participants parce que l’on roule trop fort, pas assez fort, que l’on fait un écart, car devant ça a fait un écart pour prendre un bidon…
Je pourrai surement continuer longtemps à expliquer toutes les raisons pour lesquelles je n’ai pris aucun plaisir à participer à ces courses, bien au contraire.
À côté, il y a aussi l’aspect temps et argent.
Forcément, vu la taille des organisations4, impossible d’organiser ça dans une grande ville. Obligés d’aller dans des petites villes ou villages perdues, là où il est plus simple de convaincre la municipalité de bloquer la circulation quelques heures, car cela ne dérangera que peu de personnes.
Résultat, il faut se rendre sur place, ce qui représente un temps et un coût de transport plus ou moins conséquents. Là où, pour une course Zwift, que je participe à zéro ou dix courses dans le mois, le tarif est le même : 15€5 ; tout comme le trajet puisque mon installation reste dans le salon à l’année.
Pour 2h de course, il faut généralement compter un minimum de 4h de temps bloqué.
Dernière problématique, et non des moindres : l’administratif.
La FFC est une organisation datée structurée d’une manière très opaque et absolument pas adaptée au 21ᵉ siècle.
Cela commence d’ailleurs dès l’inscription, puisque savoir comment et quoi prendre comme licence est déjà un challenge en soi.
Par exemple, on peut prendre une licence à titre individuel ou via un club.
La seconde est le choix fait par probablement 98% des licenciés.
La première quant à elle est par conséquent inconnue de très nombreuses personnes.
Puis, il y a les histoires de comités, et de catégories…
Enfin, s’inscrire à une course une fois que l’on a une licence s’avère également très complexe, puisque seules certaines personnes sont autorisées à le faire. Ou alors, il faut contacter directement les organisateurs, par téléphone ou par e-mail, après avoir fouillé pour trouver leurs coordonnées.
Pour le paiement, bien évidemment, on oublie la carte bancaire ou PayPal pour régler facilement en ligne. Non. Il faut envoyer un chèque par voie Postale ou obtenir l’accord de l’organisation pour régler en liquide sur place le jour J.
Tout semble fait pour repousser le pratiquant.
Avec le recul, je sais maintenant qu’il existe une façon bien plus simple de gérer tout cela ; mais ça nécessite de se lier à des personnes de pouvoir dans l’organisation.
Same old shit.
Je sais également que le choix de la FFC n’était probablement pas le bon, que ce soit par rapport au niveau des concurrents, mais également par rapport au nombre des courses proposées dans l’année. L’UFOLEP semble plus appropriée.
Cependant, ça n’aurait très certainement rien changé à mon ressenti vis à vis de l’aspect compétition. Ça aurait uniquement réduit une partie des nuisances peri-courses.
En chiffres, ça donne ça :
- Visite médicale : 55€6
- Licence : 75€
- Inscriptions : 8 + 5 + 8 + 8 + 8 + 10 = 47€7
- Pénalités : 30€8
- Transport : 14.4 + 72 = 86.4€9
- Total : 293.4€
Si on rapporte au nombre de kilomètres (80 + 7 + 69 = 156), on arrive à quasiment 2€ par kilomètre ; une folie !
La comparaison avec Zwift est sans appel puisque je paie actuellement 12*15 = 180€ par an. Avec l’introduction de l’abonnement annuel, on descend même à 150€.
À noter tout de même, grâce à ma licence FFC, j’ai pu participer aux Championnats des Hauts-de-France de eCyclisme ainsi qu’à la Coupe de France de E-cycling. Ce qui représente respectivement deux et deux10 courses supplémentaires en 2023.
Puisque la Coupe de France se déroule à cheval sur 2023 et 2024, j’ai été contraint11 de reprendre une licence pour 2024, d’autant plus que l’équipe Zwift à laquelle je suis rattaché est elle-même rattachée à un club FFC.
Cependant, cette fois, si jamais je décide de prendre le départ d’une course, la partie administrative devrait être grandement simplifiée. Et surtout, c’est une licence e-Cycling ; même si elle me permet de participer à d’autres types d’épreuves.
C’est donc tout sauf un bilan positif. Et je n’ai même pas abordé mes performances/résultats sur ces trois courses, qui s’avèrent totalement anecdotiques. Un résultat miracle aurait pu sauver l’honneur ; mais évidemment, ça n’est pas arrivé.
Heureusement, le vélo, qu’il soit virtuel, ou réel, mais de manière non compétitive, m’a apporté beaucoup de plaisir en dehors de ce que proposait la FFC.
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À pied, à vélo ou les deux à la fois. ↩︎
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Participer à une course cycliste se dit courir, même si on pédale. ↩︎
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Sur une trentaine, de mémoire. ↩︎
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À chaque fois, il y avait moins de 100 partants. ↩︎
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On doit évidemment ajouter l’abonnement Internet et la consommation d’électricité, mais c’est négligeable. ↩︎
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J’en ai profité pour aller voir un médecin du sport ; d’où le tarif plus élevé qu’un MG. J’y reviendrai dans un prochain article. ↩︎
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Je me suis inscrit à 6 courses et je n’ai pris le départ que de 2 (la seconde comportait 2 courses en 1, d’où le total à 3 sur l’année) ; je ne me suis pas rendu au départ des autres pour cause de soucis de santé ou de mauvaises conditions météo. ↩︎
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Je ne le savais pas, mais si l’on s’inscrit à une course et que l’on ne prend pas le départ, on reçoit une pénalité de 10€. À moins de contacter le comité régional pour se justifier. J’ai appris ma leçon et ai justifié mon absence de la dernière. ↩︎
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La première course était accessible en train, la seconde a nécessité la location d’un véhicule et était très éloignée ; heureusement, nous étions deux pour nous partager les frais. ↩︎
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La troisième étape a été stoppée après 10 minutes suite à un mauvais paramétrage ; et re-planifiée pour janvier 2024. ↩︎
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Certains complotistes diront que c’est volontaire de la part de l’organisation pour vendre des licences. Je dirai que non. ↩︎