Mon premier souvenir de dispositif d’isolation sonore remonte à un bref séjour à Orange, au cours duquel, au Novotel, ils avaient fourni des boules Quies en cire pour chaque occupant des chambres. Je devais avoir 6 ou 7 ans ; mon cousin un an de plus ; et plutôt que de les utiliser comme prévu, nous les avions utilisées comme jouet, un peu à la façon de la cire des Babybel.
Cependant, ce n’est pas très important.
Fast-forward quelques années plus tard où, au hasard d’un déménagement, je me retrouve à occuper une chambre qui se trouve sous la pièce utilisée par une assistante maternelle pour effectuer son activité professionnelle.
Particularité, ses clients sont en majorité des personnes travaillant en milieu hospitalier, de nuit.
Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.1
Pour pouvoir dormir correctement sans être réveillé par des pleurs ou les mouvements bruyants de la voisine, j’ai donc eu recours à des bouchons en mousse, avec succès. Même si, il faut le reconnaître, les premières nuits ont été assez compliquées, entre la douleur dans les oreilles induite par la pression des mousses, et cette sensation particulière de s’entendre respirer.
En parallèle, je découvre également, grâce au kit mains-libres de mon premier téléphone, l’intérêt des écouteurs intra-auriculaires pour s’isoler du monde extérieur ; en particulier dans les transports ou dans d’autres lieux fréquentés et donc, bruyants.
Depuis, j’ai continué à utiliser les bouchons pour m’isoler de nuisances différentes (étudiants, trafic automobile…) et je me suis systématiquement équipé d’écouteurs intra-auriculaires pour profiter au mieux de ma musique.
Un jour, au hasard de mes lectures quotidiennes, je tombe sur un article qui parle de l’intérêt du bruit blanc pour faciliter l’endormissement des bébés, mais également des adultes.
Intrigué, je décide de creuser un peu le sujet et d’essayer.
Les débuts ne sont absolument pas convaincants. Je diffuse un enregistrement de bruit blanc sur une enceinte bluetooth posée sur ma table de chevet. C’est abrutissant et perturbant.
Je continue de creuser et découvre l’application Sleep Sounds qui, plutôt qu’un simple bruit blanc artificiel, permet de se créer ses propres scénarios sonores en mélangeant des enregistrements correctement bouclés de bruits du monde réel : oiseaux, vent…
C’est déjà mieux, mais l’enceinte bluetooth ne permet pas de profiter totalement de la qualité des enregistrements. Ça ne semble pas suffisamment réel.
Je décide de tester avec les écouteurs intra, et là, c’est la révélation !
Parfaitement isolé, je profite à 100% des sons de l’application et ne suis aucunement dérangé par les bruits alentours. J’en ai la confirmation un soir où, alors que des voisins ont transformé leur appartement en night-club improvisé, et où même les bouchons d’oreille n’auraient pas été suffisants ; j’enfile les écouteurs, lance mon scénario favori et… je suis ailleurs. Amusez-vous, moi je dors.
Cette solution n’est pas parfaite, car elle nécessite de trouver la bonne position pour que les écouteurs ne fassent pas mal, que les câbles ne gênent pas2 et, parfois, un écouteur s’échappe ce qui peut laisser passer des bruits extérieurs et donc réveiller.
Pour autant, c’est bien plus efficace et agréable que les bouchons d’oreille. L’idée étant, selon le même principe que l’ANC, de créer du bruit pour en annuler d’autres. Là où la mousse cherche à absorber les ondes des bruits parasites.
À cette période, j’alterne entre de la pluie qui tombe sur le pare-brise d’une voiture et un mélange entre un train et de la pluie. Oui, j’aime le bruit de la pluie.
J’viens d’la classe moyenne, moyennement classe
Où tout l’monde cherche une place, Julien Clerc dans l’monospace
J’freestylais dans ma tête sur le bruit des essuie-glaces
Y’a la pluie en featuring dans toutes mes phrases
[Orelsan - La pluie]
En 2021, je me remets à lire de manière plus régulière, et si je m’étais fait des playlists Spotify pour cette activité, et s’il en existe des milliers accessibles publiquement, je suis confronté à un gros problème : soit ça manque de variété et j’ai l’impression de toujours écouter la même chose ; soit il y a invariablement un moment où quelqu’un se met à parler/chanter et ça me fait perdre totalement le fil de ma lecture.
Aventureux, je lance, au hasard, une recherche YouTube sur ambient et découvre alors un nouveau monde, avec des milliers de vidéos alternant entre 1h et 24h de long, avec des millions et des millions de vues ; et une communauté très active et, surtout, particulièrement bienveillante dans les commentaires.
L’impression d’être sur un YouTube alternatif, où personne ne vend des abonnements à des VPN et où les gens ne passent pas leur temps à s’insulter. Incroyable.
Devant un tel choix, je suis perturbé. D’autant plus que toutes les vidéos ne se valent pas.
Certaines sont bouclées à la perfection et affichent un écran noir après quelques minutes, pour éviter de transférer des données inutiles et pour que l’écran sur lequel la vidéo est affichée ne clignotte et perturbe les personnes autour.
D’autres sont faites à la zob, ont des visuels insupportables, l’audio se coupe régulièrement…
S’il y a des sons normaux comme la pluie ou des oiseaux dans la forêt, il y a aussi des choses bien plus insolites comme une tondeuse (il faut être sacrément masochiste) ou encore un tire-lait.
Jour après jour, j’expérimente, affîne mes choix, m’abonne à des chaînes de qualité et, finalement, pour éviter de streamer des vidéos dont seul l’audio m’intéresse, je télécharge une copie locale de mes préférées et les mets à disposition sur Plex.
En 2020 (oui, on revient légèrement en arrière), j’avais fait l’acquisition de l’iPhone 12 Mini qui, à mon grand désespoir, n’était pas équipé d’une prise jack. Résultat, j’avais conservé mon iPhone SE pour pouvoir y brancher mon casque et utiliser l’application Sleep Sounds pour dormir. Un peu chiant de devoir naviguer entre deux téléphones.
Un soir (hop, retour vers le futur), alors que je lisais dans le canapé en diffusant un des scénarios sonores récupérés sur YouTube via la barre de son de ma télé, je m’endormais et ne me réveillais que le lendemain matin, après 8h de sommeil de qualité.
Seconde révélation : et si je pouvais me passer des écouteurs pour dormir et utiliser à la place une bonne enceinte ?
Un passage sur LeBonCoin pour chiner une Sonos Play:1 et c’est parti !
Là encore, il a fallu expérimenter pour trouver le bon scénario ainsi que le bon niveau sonore, mais une fois fait, je n’ai plus décroché.
Le truc trop lol, c’est que celui que j’utilise quotidiennement depuis plusieurs années maintenant, c’est Studying White Noise, c’est-à-dire du simple bruit blanc, le truc que je ne supportais pas au début.
L’enregistrement dure 10h3 ce qui est largement suffisant pour une nuit standard de 8h, mais qui sert également de réveil en cas de nuit trop longue.
En effet, ce que j’ai aussi appris au cours de mes investigations sur le sujet, c’est que ce qui nous perturbe, ce n’est pas uniquement le bruit ou son intensité, ce sont aussi ses variances brutales4.
Résultat, quand l’enregistrement se coupe au bout de 10h, je suis immédiatement réveillé, car mon cerveau était habitué à ce bruit blanc constant qui s’interrompt brutalement.
Je l’ai surtout expérimenté lors de coupures d’électricité nocturnes qui ont provoqué le même résultat.
Aujourd’hui, je vis dans un environnement qui est relativement calme, que ce soit mes voisins immédiats ou le quartier. C’est pour cela qu’à une certaine période, je m’étais même complètement passé de tous ces artifices pour pouvoir dormir sereinement.
Malheureusement, le confinement a poussé beaucoup de gens à s’équiper d’un chien5 et nombreux sont ceux (les propriétaires) qui sont trop stupides pour avoir dressé les canidés correctement ; créant un concert d’aboiements, en particulier le soir ; bruit particulièrement parasite quand on cherche à dormir.
Entre temps (argh, encore un changement), j’ai aussi découvert le Graal ultime des enregistrements sonores : myNoise.
Des centaines d’extraits d’une qualité incroyable, parfaitement bouclés et que l’on peut customiser à l’infini via le lecteur qui permet de gérer le niveau de chaque piste.
Il est par exemple possible de réduire le bruit des grenouilles tout en augmentant celui du vent dans la végétation. Dingue !
Existe en version Web et mobile. Parfait pour s’isoler dans les transports, au bureau, ou se créer une ambiance à domicile.
Maintenant, pour la lecture ou le travail, j’alterne principalement entre des playlists Spotify de jazz sans paroles, des scénarios issus de YouTube et surtout myNoise.
Pour le sommeil, comme indiqué plus tôt, c’est Studying White Noise qui me permet de me couper du monde sans me mettre des trucs dans les oreilles.
Dans les autres pistes que j’ai explorées, mais qui ne me conviennent pas personnellement, il y a :
- L’option dédiée sur les appareils Apple
- Les chaînes/playlists LoFi
- A compléter…
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https://www.lemonde.fr/politique/article/2009/09/11/qu-a-vraiment-dit-brice-hortefeux_1238863_823448.html ↩︎
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À l’époque les écouteurs intra bluetooth n’existaient pour ainsi dire pas, et même si aujourd’hui, j’en possède une paire, ça me semble absurde de ruiner la batterie en les faisant tourner +8h tous les jours… ↩︎
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Pas de panique, l’enceinte tire 3W en utilisation, la faire tourner 8h par jour n’est donc pas une calamité ↩︎
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Là, je rage, car dans un film ou une série, j’étais tombé sur une scène où un professeur provoquait le réveil d’un élève endormi sur sa table de classe en… arrêtant la radio qu’il avait mise à proximité. À mon grand désespoir, impossible de retrouver l’œuvre pour en extraire le passage en question… ↩︎
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https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/avec-la-pandemie-de-coronavirus-le-boum-mondial-des-adoptions-d-animaux-de-compagnie-7129338 ↩︎