Article 2/3 sur des matières après le lin.
On n’a pas tous connu la même enfance; par exemple j’ai échappé à la cagoule pendant l’hiver, mais par contre chaque année ma grand-mère paternelle me confectionnait un pull/gilet en laine pour suivre ma croissance.
Au delà des motifs parfois douteux; je n’oublierai jamais un gilet bleu avec un motif de cartable dans le dos… superbe; ce que je n’appréciais pas forcément avec ces vêtements c’est qu’ils étaient lourds, faisaient surchauffer, surtout quand on est un enfant actif (même si à l’époque c’était plutôt la norme…), et enfin grattaient terriblement !
En dehors d’un pull haut de gamme, très confortable, récupéré en seconde main de mon cousin riche, je leur préférais rapidement les vêtements en coton et n’ai plus regardé en arrière depuis.
Jusqu’à ce qu’à la vingtaine, au moment de renouveler mes première couches techniques en polyester qui étaient trouées et dont je n’arrivais plus à faire disparaître une horrible odeur de sueur marinée, je tombais sur des vêtements en laine mérinos.
Ma première réaction fût de me moquer. Quelle idée stupide de s’habiller avec une fibre naturelle si peu technologique alors qu’à côté on nous sort dix nouvelles fibres synthétiques chaque année ! En plus niveau tarif c’était loin d’être donné. Situé dans le milieu de gamme.
Cependant en lisant les avis sur les produits, j’ai commencé à douter de mon jugement hâtif. Tout le monde semblait d’accord pour dire que c’était un produit incroyable. La promesse :
- anti-odeurs car anti-bactérien, le point faible du synthétique qui pue après 10mn
- léger, pas de sensation de poids sur le corps
- souple, permettant de se mouvoir sans gêne
- ne gratte pas
- durable, contrairement au synthétique qui a tendance à être d’autant plus fragile qu’il est technologique
- respirant, permettant d’évacuer la sueur contrairement au coton qui l’absorbe, évitant ainsi d’attraper froid
- thermorégulateur, ni trop chaud, ni trop froid
Trop beau pour être vrai, non ?
Au détour d’une promotion, je décide de me lancer avec un simple maillot de corps.
A la sortie du colis, je constate qu’effectivement c’est bien plus souple et léger que la laine que je connais, et ça ne gratte pas. Cependant l’épaisseur m’étonne, pour une première couche, ça semble très épais, je vais crever de chaud là-dedans !
Un passage en machine plus tard, je l’enfile sous un maillot manches longues et pars rouler.
De retour à l’appartement, alors que je me déshabille pour passer sous la douche, je réalise que je ne suis pas couvert de sueur, seulement le dos du maillot est humide, mais ma peau est sèche; il n’y a aucune odeur particulière, et surtout, pendant la sortie, je me suis toujours senti juste bien. Jamais froid, jamais trop chaud. Is this real life?
Pour confirmer cette première impression je décide de le porter plusieurs jours d’affilée en première couche de ma tenue de travail. Même résultat : c’est génial. C’est d’ailleurs avec regret que je le retire chaque soir pour devoir enfiler un horrible vêtement en coton.
C’est ainsi que je suis devenu accro à la laine mérinos.
Depuis, je me suis progressivement équipé de la tête aux pieds en vêtements en mérinos :
J’ai également essayé les chaussures mais ce fut un tel échec que je ne m’étendrai pas sur le sujet. Ça ne correspondait simplement pas à mon usage.
Et forcément, ça a débordé dans le reste de la maison, d’abord avec un simple plaid pour le canapé, puis une couette pour le lit et, enfin, l’utilisation de laine brute pour remplir coussins et oreillers.
Bref, partout où au moins trois de ses propriétés sont utiles, je cherche à passer au mérinos.
Ici il convient de préciser qu’il faut différencier laine mérinos de laine. En effet, on parle de laine mérinos car elle provient de moutons de la race… mérinos. Leur laine est bien différente de celle que l’on trouve de manière bien plus commune dans nos contrées, qui gratte, est faite de gros fils inconfortables et se négocie pour beaucoup moins cher car c’est un sous-produit de moutons élevés avant tout pour leur viande. C’est aussi différent du cachemire issu d’une race de chèvres ou de la laine vierge qui est bien souvent issue uniquement des moutons à viande.
Pour porter du mérinos il faut acheter un vêtement spécifiquement décrit comme constitué de laine mérinos.
A titre personnel ce qui m’importe le plus dans cette fibre c’est le confort global quelle apporte quand on a une vie relativement active et que l’on est toujours à la bonne température (c’est vraiment impressionnant), au sec, sans odeurs et libre de ses mouvements; tout ça dans un enrobage de douceur.
Et même avec la couette : j’ai fait l’expérience de dormir avec la fenêtre ouverte pour atteindre environ 10°C, j’étais bien; et lors des coups de chaud du printemps avant que je ne la range, une nuit à 22°C sous cette même couette en configuration hiver se passe tout aussi bien ! Alors qu’avec du synthétique j’aurai eu d’un côté beaucoup trop froid et beaucoup trop chaud de l’autre.
Concernant la durabilité, le premier maillot de corps a été acheté en 2016 et je ne saurai pas le différencier des autres achetés plus tard, malgré toutes les épreuves qu’ils ont traversées. A préciser ici : je lave le mérinos avec le reste de mes vêtements, à 30°C, avec une lessive très standard (coucou Biocoop) et un cycle normal. Les derniers hauts en coton que j’ai acheté, ils ont tenu au maximum deux ans avant d’être convertis en torchons…
Pourquoi c’est bobo ?
C’est une fibre naturelle, c’est à dire qu’en lavant ses vêtements, on ne va pas envoyer des micro-particules de plastique dans les rivières. Et qu’une fois usés, ils n’auront pas nécessairement besoin d’être incinérés puisque biodégradables.
Cependant cet argument est à prendre avec des pincettes car bien souvent une partie de fibres synthétiques sont ajoutées au vêtement. La laine restant majoritairement, ça réduit les problèmes liés au plastique mais c’est à prendre en compte.
Comme c’est anti-odeurs, un vêtement en laine mérinos peut être utilisé plusieurs fois avant de devoir être lavé. Ce qui réduit le nombre et/ou le volume des machines; réduisant la consommation d’eau, d’énergie, de lessive et l’usure de la machine.
Et peut permettre de réduire la taille de la garde robe, surtout qu’à cela on peut ajouter la durabilité. Résultat un tee-shirt en mérinos peut, sur plusieurs années, remplacer cinq tee-shirt en coton. Réduisant la consommation et la pollution liées à la production, l’entretien et la fin de vie des vêtements.
Ici je pourrai aussi parler du fait que ça sèche beaucoup plus vite que le coton, réduisant le besoin d’utiliser un sèche linge; mais comme personnellement je n’ai jamais utilisé un tel appareil, suspendant systématiquement mon linge, je ne connais pas les motivations de ses utilisateurs et ne peut déterminer si l’argument est pertinent.
Comme c’est thermorégulateur, ça réduit les besoins de chauffage et/ou de multiplication des épaisseurs de vêtements en hiver. Un simple tee-shirt manches longues en mérinos remplacera aisément le classique maillot de corps + pull.
Et l’été, le mérinos permettra de réduire les besoins en climatisation et en consommation de produits frais pour tenter de faire baisser sa température corporelle.
Les fibres synthétiques sont faites avec du pétrole, le coton est une catastrophe pour l’environnement et les humains qui sont impliqués dans sa production. La laine mérinos est, à ce jour, majoritairement produite dans des conditions très réglementées en Australie et Nouvelle-Zélande pour être transformée en Chine. Il existe une production plus locale mais ça reste assez confidentiel et pas forcément orienté vers les vêtements de tous les jours. Dans tous les cas l’impact reste bien moindre que les autres fibres mainstream.
Se pose quand même la question du bien-être animal, en particulier avec la problématique du mulesing. Certaines marques s’expriment clairement sur le sujet.
Même si ça se popularise avec des marques plutôt entrée de gamme qui sortent leurs produits en mérinos; si on veut un produit de qualité avec des garanties sur l’origine des fibres, ça reste, dans l’immédiat, bien plus couteux qu’un vêtement standard. Mais sur le long terme c’est en réalité bien moins cher.
En note finale, je ne peux m’empêcher de partager cette vidéo de Karambolage sortie cette semaine et abordant avec réussite le sujet des bobos.