Il y a quelques semaines, lors d’une conversation lancée bien malgré moi, après avoir très poliment refusé le verre de céréales et de fleurs fermentées que l’on me proposait ; et puisque mes préférences gustatives ne semblaient pas convaincre mes interlocuteurs, j’ai argué du fait que la seule boisson indispensable aux êtres humains était l’eau. Le reste n’étant que fioritures luxueuses qui ne devaient être consommées qu’avec la plus grande modération.

Sans surprise, cela fut plutôt mal reçu, et chacun tenta, à sa façon, de défendre sa passion. Entre autres arguments, on en vint à m’expliquer que le breuvage que l’on m’offrait avait comme qualité de ne pas être produit par une multi-nationale, puisque issu d’une brasserie locale, et qu’en plus, ça ne polluait pas comme la Cristaline car c’était contenu dans une bouteille de verre et, comme chacun sait, le verre c’est super !

Clown Monkey

Décidément, c’était vraiment pas de chance pour mes interlocuteurs car peu de temps avant, j’avais parcouru le rapport de l’étude Carbon footprint of soft drinks packaging où l’on peut voir ce diagramme (lower is better) :

Carbon Footprint Packaging

Cela transparait relativement bien que, non, le verre c’est pas super.

Il faut d’ailleurs ne pas être en totale possession de ses capacités cognitives pour ne pas réaliser cela quand, à volume égal, une bouteille en verre pèse 215g alors qu’une cannette en aluminium ne fait que 14g. Résultat le cycle de vie d’une boisson dans une bouteille en verre c’est surtout transporter la bouteille, là où une cannette est beaucoup plus discrète que son contenu.

Une façon d’améliorer l’impact des contenants en verre serait de faire de la réutilisation, par exemple via un système de consigne, plutôt que du recyclage. D’ailleurs c’est un sujet d’intérêt chez les fabricants. Mais ce n’est absolument pas la réalité actuelle.

Autre exemple ? Les chewing-gums. Toutes les grandes marques vendues en grande surface fabriquent leurs produits à partir d’un dérivé de pétrole. Bouh ! Caca ! C’est forcément mieux de prendre une petite marque crowdfundée qui utilise une gomme naturelle !

Encore loupé. Dans Guayule as an alternative source of natural rubber: A comparative life cycle assessment with Hevea and synthetic rubber, on peut trouver ceci (SBR : styrene-butadiene rubber) :

Lifecycle Synthetic Rubber

Comme dans tout domaine, lorsque l’on parle de l’impact environnemental de quelque-chose, il est important de ne pas se baser sur un ressenti ou un éventuel bon sens, mais bien de rechercher des faits. Car bien souvent, notre instinct se trompe, surtout lorsqu’il a été manipulé par des individus mal intentionnés.

Et c’est pareil avec les connards et leurs tote bags de fils de pute, mais ça c’est acté, on est d’accord ?

tout ne tient qu’à un fil.