L’annonce officielle.

Après sept ans de travail acharné, le projet démarré dans mon 12 m2 qu’est Captain Train a pris une place importante dans l’industrie du transport en Europe.
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Le problème de ce marché, c’est que la tâche est gigantesque et que, dans ce cadre, toute aide est la bienvenue. Trainline (en quelque sorte le Captain Train de nos amis d’outre-Manche), est venu nous voir l’année dernière pour nous proposer d’unir nos forces et nos visions.
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Nous avons donc fusionné, parce que nous pensons que réunir nos forces nous permettra d’aller plus vite, pour proposer un produit simple à tous ceux qui voyagent en train en Europe. L’équipe de Captain Train apportera son expertise du marché ferroviaire européen continental, et celle de Trainline son expérience importante sur un marché qui est complètement libéralisé et en forte croissance.
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Notre projet reste le même, encore et toujours : vous faciliter l’accès à l’intégralité de l’offre ferroviaire, aux meilleurs prix, à toutes les options et toutes les routes, et ainsi permettre à tous les transporteurs de distribuer leur offre sans effort. Nous continuons sur cette voie !
[Captain Train + Trainline sur blog.captaintrain.com]

Le côté négatif.

Si Trainline a les moyens de s’offrir Captain Train, c’est en partie parce que l’entreprise britannique a récemment été croquée par KKR (Kohlberg Kravis Roberts) un fonds d’investissement américain très actif. Celui-ci a en effet racheté l’entreprise pour un montant qui s’élèverait à 670 millions de dollars.

Au 31 décembre 2015, KKR dispose de 119,5 milliards d’actifs sous contrôle, et doit faire face à une dette de 3 milliards de dollars avec un ratio d’endettement inferieur à deux fois son EBITDA. Pour l’instant, il ne semble donc pas nécessaire de s’inquiéter outre-mesure.
[Racheté par Trainline, Captain Train passe sous pavillon britannique sur NextInpact.com]

Les explications qui se veulent rassurantes.

Nous voulons continuer à faire grandir Captain Train, pas pour le plaisir de grandir, mais pour en faire le guichet de référence à l’échelle de l’Europe ; un guichet qui simplifie les déplacements des voyageurs, qui fait avancer modestement l’open-data ferroviaire, qui crée des emplois en France et qui s’investit dans la communauté du développement web. Inutile de vous dire que la route pour y parvenir est longue. Alors pour atteindre cette ambition, nous n’avons rien contre un petit coup de main.

C’est précisément là qu’intervient Trainline. Car de tous les acheteurs potentiels à qui nous avons parlé, Trainline était le seul à comprendre le monde compliqué des systèmes ferroviaires européens - cela fait presque vingt ans qu’ils vendent des billets au Royaume-Uni.
[Vous avez dit rachat ? sur blog.captaintrain.com]

(Lire la partie Questions/réponses, très enrichissante)

Finalement, c’est plutôt triste et inquiétant car la startup passe sous le giron d’un ogre financier américain, s’associe à une société qui, elle, s’accorde une marge sur les billets vendus et surtout, ne semble pas avoir l’esprit si positif qu’avait Captain Train jusqu’à aujourd’hui.

Au delà de la plateforme géniale et de la communication globale très soignée et pleine d’humour (voir les release notes des applications mobiles) j’ai eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec différents membres de l’équipe, et à chaque fois j’avais en face de moi un humain passionné, impliqué et sincère.

Mais il faut y voir aussi le bon côté des choses : une startup technologique française basée sur une ancienne gloire nationale, qui attire les capitaux étrangers, c’est contraire à tout ce que l’on peut entendre de négatif sur la capacité à innover dans notre pays !

Reste à voir comment les choses évolueront pour nos billets de train…