Dans la journée d’hier, j’ai été confronté à deux événements qui n’avaient pas grand chose en commun au premier abord.
Le premier c’est d’avoir été contacté par la société chargée de la gestion locative de l’appartement dans lequel j’habite.
On me proposait de devenir propriétaire d’un appartement neuf pour moins cher que [mon] loyer actuel.
Je passe sur les détails, mais on m’informait que cet achat immobilier pouvait se faire via un crédit sur 240 mois.
240 mois.
Une année c’est 12 mois. 24 mois, 2 ans. 240 mois font donc… 20 ans.
En prenant un engagement sur 20 ans, soit plus des 2/3 de mon existence passée, j’aurai le bonheur d’être propriétaire d’un appartement de série, dans la Métropole Lilloise.
Autant être clair, c’est une chose inimaginable pour moi. M’engager aujourd’hui à donner une somme d’argent chaque mois pendant 20 ans; impossible. C’est une durée que je n’arrive pas à concevoir.
Mais dans le même temps, des millions de gens n’ont aucun soucis à le faire.
L’autre événement est la lecture de cet éditorial du Monde : La disparition accélérée d’insectes est aussi inquiétante que celle des grands mammifères.
La disparition des insectes d’ici cent ans ? Ça fait cinq crédits immobilier, autant dire que ce n’est pas demain la veille; aucune raison de s’inquiéter.
Et pourtant.
A l’échelle de la vie sur Terre et de l’existence des insectes, un siècle c’est ridiculement petit, de l’ordre de la seconde, en comparaison des millions d’années depuis lesquels ils vivent sereinement.
Cette fois, les réactions paraissent inversées.
Je panique, avec le sentiment que dès demain l’espèce humaine s’éteindra après avoir causé, entre autres choses, la disparition des insectes.
Et en face, les gens semblent se dire qu’un siècle, c’est plus que l’espérance de vie moyenne d’un être humain, alors c’est totalement abstrait. Il y a plus urgent.
Deux façons différentes d’aborder le temps qui passe.