Les éditeurs de presse français contre l’ogre américain Google. […] En fait, une manipulation très réussie de l’opinion et du gouvernement qui ne correspond en rien à la réalité. Elle vise juste à prolonger artificiellement des modèles économiques à bout de souffle et des groupes de médias détenus pour la plupart par des géants du capitalisme, français cette fois, de Dassault à Niel en passant par Arnault, Rothschild, Pinault et Perdriel.
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Dans un projet de loi remis au gouvernement, Nathalie Collin, coprésidente du groupe Perdriel (Le Nouvel Obs notamment), envisage de réformer le droit d’auteur pour créer un droit voisin sur l’indexation des contenus […] Concrètement, le moteur de recherche devrait rémunérer les éditeurs de presse pour chaque mise en avant de leur contenu sur son service Google Actualités, voire sur Google tout court.
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La mauvaise foi des patrons de presse français est de plus déconcertante. […] La presse est en crise et certains des milliardaires qui possèdent les titres les plus en vue dans ce combat feront tout pour ne pas avoir à investir pour la sauver. Il faut donc trouver des solutions pour survivre, d’autant que les lecteurs boudent les kiosques et que les aides de l’Etat - 500 millions d’euros par an […] - devraient servir à autre chose qu’à remplir des caisses de journaux incapables de se transformer et de s’adapter au monde tel qu’il est.

Mais si Google est en position dominante, à qui la faute ? Combien de formations pour journalistes s’intitulent “écrire pour Google” […] ? Donner accès à son contenu, via Google, en respectant certaines des règles du moteur n’est pas honteux. Après tout, si les lecteurs l’utilisent comme un kiosque, il serait stupide de refuser d’aller à leur rencontre. […] Vouloir reprendre un jour ce qu’on a donné la veille s’apparente à de la pure mauvaise foi.

Alors oui, c’est vrai, Google gagne indirectement de l’argent avec le contenu des éditeurs. Il ne le vole pas. […] Google gagne de l’argent en nous offrant des services gratuits qu’il monnaye par ailleurs. […] Les promoteurs de cette loi semblent croire que l’Internet que Google indexe, c’est eux. Or Internet, et Google, n’ont pas besoin du contenu produit par la presse pour survivre (mais la presse a aussi besoin d’être trouvée pour survivre). Les milliers d’articles d’informations référencés par le moteur ne sont qu’une infime portion des contenus du Web, lui-même infime portion d’Internet […] Et la plupart des sites de médias agrègent du contenu trouvé sur Internet pour augmenter leur trafic, et par là même leurs revenus publicitaires. Créer une nouvelle usine à gaz juridique et fiscale ne réglera aucun des problèmes auxquels la presse, française ou pas, est confrontée.

Le réflexe pavlovien de la presse installée d’aller quémander encore et toujours à l’Etat des subsides pour survivre est une fausse solution et ne répond à aucun des enjeux auxquels nous sommes confrontés à l’ère d’Internet. La presse française ferait mieux […] d’investir réellement et massivement dans une vraie modernisation et la naissance de nouveaux modèles. Sinon, c’est le destin de la sidérurgie qui la guette.
[Non, ça ne réglerait pas les problèmes de la presse sur Libération.fr]

Il est à noter que les trois auteurs de l’articles sont tous des journalistes du Web (Owni, Slate et Atlantico), et que contrairement à leurs collègues passéistes, ils savent donc ce qu’ils doivent à Google. Et non l’inverse.