Les maillots de clubs sont extraordinairement chers. Il est surtout étonnant que le supporter ne soit pas plutôt rémunéré pour les porter et propager partout la pub du sponsor.

[…]

Le sponsoring n’est évidemment pas un altruisme: il s’agit au minimum d’accroître sa notoriété, et dans l’idéal, son image de marque […] L’optique est ouvertement commerciale. […] Le sponsoring, c’est du marketing win-win.
[…]
Si les sponsors investissent […] c’est grosso modo pour que les joueurs portent le maillot et que les médias diffusent le logo; bref, les sponsors financent, ou contribuent à rémunérer, ceux qui partagent l’image. Sauf quand c’est le supporter qui porte le maillot. Là c’est le contraire, là ce n’est pas gagnant-gagnant: le supporter ne reçoit rien en échange. Il paye très cher, alors qu’il contribue à la promotion des marques sur le maillot.

[…]

Difficile de savoir, en vérité, si le supporter admet le sponsor dans un souci de fidélité ou simplement parce qu’il n’a pas le choix (contrairement au flocage). […] En l’absence de choix, il n’y a pas d’alternative, on ne réalise donc même plus que le sponsor obtient grâce aux supporters une sorte d’énorme ristourne, ou de méga service après-vente. Son nom circule dans les rues, les écoles, les stades, partout, pendant des années, non plus grâce à son investissement, mais à celui du supporter.

Si ce choix existait systématiquement, quel serait le maillot le plus cher? Avec ou sans sponsor? Le « faux » maillot neutre, ou le « vrai » avec sponsor? Celui avec lequel on veut bien faire de la pub, ou l’autre?
[SPONSOR EN BARRE sur CahiersDuFootball.net]

Le problème est encore plus vicieux que celui d’acheter des vêtements de marque avec le logo en énorme dessus.

Quand on achète le maillot de son équipe, ce qui nous intéresse, ce sont les couleurs; ce qui inclus le blason. Mais le logo de l’équipementier importe peu. Et le sponsor ? Pire encore.

Lorsque l’on achète un journal/magazine rempli de pub, on accepte celle-ci car son existence est là pour financer partiellement le contenu. Le magazine avec pub à 5€ devrait être vendu 7.5 sans pub. L’exemple est encore plus flagrant avec les journaux torchons gratuits.

Mais pour les maillots ? A 85€ les 100gr de polyester assemblés par une main d’oeuvre sous payée, personne ne s’essayera à convaincre quiconque qu’il en coûterait plus si le sponsor n’y était pas collé.

A une époque où les équipementiers ne renouvelaient que très peu l’esthétique des maillots, le sponsor pouvait alors devenir le seul véritable indicateur de la saison à laquelle appartenait la tenue, mais en plein foot-business où chaque année les créatifs des marques se donnent à fond pour porter les couleurs tout en se réinventant autant que possible, le sponsor n’est alors qu’une trace indélébile.

Le titre :