Cela a commencé très jeune avec Pomme d’Api. Chaque année, mes grands parents paternels m’offraient l’abonnement. S’est poursuivi avec J’aime lire et s’est terminé avec Phosphore, le titre s’accordant à mon développement personnel.
En parallèle, ma mère a complété le contenu de la boîte aux lettres en suivant l’évolution de mes principaux centres d’intérêt avec La Pêche et les poissons, SVM et enfin Micro-Hebdo.
Habitué à avoir mon magazine (ma sœur avait également ses abonnements et mes parents leur Télérama, qu’ils reçoivent encore tous deux), ce support a toujours été d’une grande importance pour moi.
Quand certains épanchaient leur soif de connaissances en allant battre la campagne et que d’autres se rendaient à la bibliothèque, je relevais le courrier, relisais d’anciens exemplaires ou allait faire un tour à la maison de la presse voisine.
La campagne, je ne la connaissais qu’en de rares occasions, essentiellement pendant les vacances.
La bibliothèque était trop éloignée, et les quelques livres qui traitaient des thèmes sur lesquels se portaient mon intérêt étaient trop rares, trop génériques, trop dépassés et n’évoluaient pas.
Tandis que dans la boutique du quartier s’offrait à moi un monde de découvertes colorées, brillantes et qui, comble de la curiosité, se renouvelaient chaque semaine ou chaque mois. Pour chaque sujet, il existait plusieurs titres; certains faisaient leur apparition dans les rayons quand d’autres disparaissaient. Le changement était permanent, plus rapide que les saisons, abritant un véritable terrain d’exploration.
Il y avait bien un ordinateur à la maison mais l’accès en était contrôlé, et sans un abonnement Internet illimité, il fallait se limiter au déconnecté; Encarta et Encyclopædia Universalis m’ayant vite montré leurs limites, je voyais cet outil surtout comme une source de divertissement grâce aux quelques jeux qui y étaient installés.
Le magazine donc.
Dès qu’un nouveau sujet piquait suffisamment ma curiosité, je partais en quête d’informations et d’une source en papier glacé.
En plus de titres et thèmes abordés précédemment, mes souvenirs font référence au cinéma, à la chasse, au football, au BMX, au VTT (qui auraient été tous deux regroupés sous un unique ouvrage vélo à la bibliothèque) et même à l’automobile. Bien sûr, il y eut aussi le Graal de l’adolescent avec un exemplaire de magazine pour adultes, dont le stratagème utilisé pour me le procurer m’échappe actuellement.
Puis est arrivé Tiscali et son ADSL illimité.
À ce moment-là, je recevais Phosphore et Micro-Hebdo. Je feuilletais brièvement le premier quand je ne lisais que quelques articles du second. Abandonnés pour un monde infini. Plus de rayons, plus de boîte aux lettres.
La décision fut alors prise d’arrêter les frais inutiles, les piles de numéros encore sous plastique grossissant à vue d’œil. Un récent nettoyage de ma chambre de la maison mère me permis ainsi de me rendre à la déchetterie avec un coffre de voiture rempli.
Malgré tout je gardais en moi cet intérêt pour les magazines, et il m’arrivait, par nostalgie, hasard ou simplement par envie, de m’égarer quelques minutes au rayon presse d’un supermarché pour faire un petit état des lieux et, pourquoi pas, repartir avec un titre qui trouverait le parfait rôle réceptacle à poussière une fois rentré à la maison.
Une fois installé, je refis plusieurs tentatives d’abonnement. De la science, du cinéma puis du foot. Trois échecs avérés après quelques mois. Les pixels gagnant haut la main, le combat n’ayant même pas lieu.
Cela finit par me convaincre qu’il était temps d’abandonner l’idée de vouloir être abonné à un magazine. Les souvenirs d’enfance qui remontaient à chaque fois que j’ouvrais ma boîte aux lettres pour y trouver un nouveau numéro n’étant pas une justification valable à ce qui était finalement un gâchis de papier et d’argent.
Aux dernières nouvelles la maison de la presse a été rachetée pour être transformée en un vulgaire kebab.
P.S. : Ceci est en réalité une introduction…