QOOQ, un livre de cuisine numérique conçu par l’entreprise Unowhy, condense un objet adapté à la cuisine (structure imperméable, vitre réputée incassable) et un usage : il propose des recettes en vidéos, des conseils de chefs, mais aussi d’écouter de la musique de consulter ses mails sur son plan de travail. Jusqu’à l’an dernier, cette tablette était fabriquée en Chine, comme l’ensemble de ses concurrentes. Sa production a été relocalisée fin 2011 à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire, dans l’une des usines d’Eolane, le premier sous-traitant électronique français.
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Au terme d’un long travail de reconception, Unowhy parvient à compenser le surcoût lié à la main d’œuvre française.
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“La main d’œuvre est huit fois plus chère ici. Mais grâce à ce travail de rationalisation, elle ne représente que 8 % du prix de revient, contre 4 % en Chine. C’est deux fois plus, au lieu de huit fois plus”, s’enthousiasme Jean-Yves Hepp
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la principale économie réalisée en France concerne le contrôle qualité en bout de chaîne, inexistant dans l’usine chinoise. “En Chine, nous avions 7 % de défauts, ce taux est tombé à 1 %. C’est énorme ! Voilà comment il est possible de produire en France au même prix qu’en Chine”.
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Jean-Yves Hepp a un crédo, dont il est convaincu et avec lequel il espère convaincre, notamment les élus qu’il rencontre dans les bureaux de l’Assemblée et qui visitent parfois son usine : “l’indépendance numérique”.
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“Internet était un monde libre, on peut y créer le site qu’on veut. La tablette, elle, est un écosystème complètement fermé. Apple, Google, Microsoft et Amazon ont pouvoir de vie et de mort sur tous les contenus. Ils maîtrisent tout, du terminal à l’hébergement en passant par les logiciels et la distribution virtuelle. […] Mais nous sommes le produit de notre culture, de notre éducation…”, martèle ce fils de profs.
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Mais le volontarisme et le lobbying de l’entrepreneur portent leurs fruits. La nouvelle tablette “Éducation” de Unowhy est pressentie pour emporter le marché des écoles et lycées du pays. Le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, devrait l’annoncer mi-novembre. Cette tablette, adaptée aux contraintes matérielles et aux besoins de l’école, sera disponible début 2013.
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Son “sur-mesure” technologique face au “prêt-à-penser” sino-américain fait référence à l’industrie du luxe, un des derniers secteurs où le “Made in France” est parvenu à résister à la mode des délocalisations.
[Made in France (2) – QOOQ, une tablette française s’invite à la table des ogres du numérique sur Crise.Blog.LeMonde.fr]

QOOQ est donc vendue 349€, auxquels il faut ajouter, ce qui n’est absolument pas abordé dans l’article, un abonnement qui varie entre 9.97€ et 7.05€ par mois en fonction de la durée de souscription, pour accéder aux services de la tablette.

Le site indique qu’elle est sous Linux/QT, mais rien n’indique la possibilité d’y développer ses propres applications. Amusant pour un appareil qui prétend promouvoir l’indépendance numérique face au prêt-à-penser des tablettes sous Android ou iOS, sur lesquelles on peut, en quelques heures, et gratuitement (pour les premières en tout cas), développer et diffuser ses propres applications.

Si cette histoire de marché public remporté, visiblement uniquement grâce au Made in France, s’avère vraie, cela montrera que le gouvernement est décidément entrain de se laisser berner par ce miroir aux alouettes…