Non, rassurez-vous, je ne vais pas tenter de participer à cette fausse guerre entre faux clans rivaux…

Il y a encore peu de temps, lorsqu’on parlait de mondialisation et de délocalisation, les journalistes bien abrités par leur langue (il est difficile de délocaliser l’emploi d’un journaliste en Chine ou en Roumanie pour cause de langue différente) taxaient de frilosité les pauvres hères qui voyaient partir leur travail à l’étranger.
Ceux qui s’opposaient à cette mondialisation briseuse de vies humaines n’étaient que des peureux arc-boutés sur leurs privilèges. Il fallait s’adapter au monde nouveau, nous disaient les journalistes, il fallait ne pas avoir peur (de ce monstre sans visage qui vous enlève votre travail, votre salaire). Les français étaient des réactionnaires, des rétrogrades à vouloir qu’on les protège. Les français réclamaient des règles, des protections ? Que nenni ! Tranquilles dans leur tour d’ivoire nos journalistes conseillaient de s’ouvrir vers le monde, encensant ceux qui le faisaient et fustigeant ceux qui n’en avaient pas les moyens.
Et puis les blogs sont arrivés. Pas de délocalisation de journalistes, simplement des gens qui savent écrire dans la même langue et qui profitent du moyen qu’est le web pour donner leur avis sur tout.
Et là tout à coup, les journalistes s’insurgent ! Il y a un savoir-faire, une formation à avoir, on ne s’improvise pas journaliste.
Comment, comment ? Et le tourneur-fraiseur dont on a délocalisé le travail, il n’avait pas de formation, lui ? Et le chaudronnier ? Et le soudeur ? Et la secrétaire ? Et tous ces gens qui sont restés sur le carreau de la mondialisation, ils n’avaient pas de fierté à faire leur métier ? Ils n’avaient pas un savoir-faire ?
Alors messieurs les journalistes, confrontés maintenant à la possibilité de voir votre métier accaparé par des hordes de blogueurs qui écrivent aussi bien que vous, comment se fait-il que vous cherchiez à faire des luttes corporatistes et que vous ne voyiez pas la chance qui s’offre à vous de vous remettre en question, de progresser, de vous former, de changer de vie ?
Tiens, pourquoi pas plombier par exemple ? Il parait qu’il en manque.
[Manu en commentaire à un article* paru sur Marianne2.fr]

Certes, j’ai choisi mon camp - c’était assez facile, je l’avoue - mais le problème est que le terrain sur lequel ils s’opposent est mauvais, puisque, contrairement à ce que disent les journalistes, la blogosphère, elle existe et elle est constituée par TOUS les blogs, TOUS les blogueurs, et TOUS les lecteurs. Trop souvent, lorsque l’on entend parler de blogueurs, on parle des “blogueurs zinfluents”, ceux qui parlent de certaines choses; de politique en fait!

Oui car, dans l’histoire, on a jamais entendu parler de quelqu’un comme Gonzague, alors que, pourtant, avec ce qu’il fait (gadgets, musique, voitures…), il pourrait très bien être assimilé à un journaliste, et, niveau influence, on le sait, il n’en manque pas (enfin, selon les divers classements).

Plus généralement encore, jamais, au grand jamais, on entendra parler d’un simple internaute qui possède un Skyblog (et qui par conséquent est un blogueur, et donc fait partie de la blogosphère, sisi) et qui y publie des articles intéressants, lorsqu’un journaliste parlera de blogosphère ou de blogueurs.

Maintenant, si les blogueurs (politiques) incriminés continuent de nier le fait que seuls les blogueurs politiques sont visés, cela montre une chose : ils se considèrent comme représentatifs de toute la blogosphère, et donc, comme “blogueurs zinfluents”…

*: Alors, le débat : ça a été rédigé par un journaliste, mais c’est publié sur le Web. Donc, on doit dire billet ou article?