C’est l’évènement de l’année, entre la fin du Giro et quelques semaines avant le Grand Départ du Tour de France : la sortie de la série Netflix dédiée au Tour de France, avec une première saison suivant quelques équipes/coureurs lors de l’édition 2022 : Tour de France: Unchained.
D’ailleurs, quelques éléments à préciser dès maintenant :
- la série a été réalisée majoritairement en France (logique) par des français
- la version originale est donc « français avec sous-titres »
- la version avec un doublage en anglais est jugée abominable
- les sous-titres français pour les interventions en anglais sont pour le moins créatifs
- le titre français Tour de France: Au cœur du peloton est quand même bien moins stylé que la version anglaise avec son pun sur unchained
Tirant parti d’un repos forcé pour cause de maladie, j’ai réactivé mon abonnement Netflix et binge watché les huit épisodes en ce samedi.
L’objectif de la série, avant tout, est de faire découvrir la plus grande course cycliste au monde à ceux qui ne suivent pas le cyclisme. Raison pour laquelle c’est très (faussement ) scénarisé, édulcoré et de nombreuses explications sur le fonctionnement de la course sont fournies. A la façon de ce qu’a fait la série sur la Formule 1.
Pour les fans, qui avaient regardé la course en juillet dernier et connaissent donc l’issue de chaque étape, ça reste malgré tout intéressant car on a accès à beaucoup de behind the scenes et la façon dont c’est narré ajoute un côté épique à un évènement déjà fantastique.
Globalement je dirai que ça a toutes ses chances d’atteindre son objectif principal car c’est qualitatif et bien scénarisé.
C’est une bonne introduction à cette course et au cyclisme en général, mais ils ne font qu’effleurer la surface de ce qui rend tout cela aussi passionnant. Le gap à combler pour ceux qui décideraient de suivre l’édition 2023 après avoir vu la série pourrait être à double tranchant : d’un côté, ils découvrent à quel point il y a de facteurs qui n’ont pas été couverts et qui sont presque plus importants que le classement général; de l’autre, ils risqueraient d’être perdus sans explications pour combler cet écart de compréhension. Les bonifications, les autres classements, les échappées publicitaires…
Si je devais résumer les choses qui m’ont particulièrement marquées :
- Steve Chainel, dont j’apprécie énormément le caractère lorsqu’il commente les courses, a été ici utilisé comme professeur pour expliquer les règles du jeu. Aucune idée si c’est un choix personnel ou si c’est la production qui lui a demandé, mais il a totalement changé sa façon de s’exprimer pour un ton et une diction beaucoup plus sérieuses mais pas du tout naturelles. C’est vraiment désagréable. Et concernant les explications données, elles m’ont semblé confuses. Certes ça aurait difficile de le laisser en roue libre comme d’habitude, mais là ça sonne terriblement faux.
- Orla Chennaoui, que je n’apprécie pas vraiment en temps normal car elle passe plus de temps à choisir la tenue ridicule qu’elle va porter chaque jour (quiconque a suivi un Grand Tour sur GCN saura à quoi je fais référence) plutôt que le contenu de ses interventions; ici clairement utilisée comme le token féminin de la série; et c’est vraiment dommage car s’ils tenaient vraiment à avoir une femme qui intervient régulièrement, il y en a beaucoup de bien mieux placées. A commencer par Marion Rousse, qui n’est autre que la directrice du Tour de France féminin…
- Julien Jurdie, directeur sportif de l’équipe AG2R, absolument imbuvable et qui se voit vraiment comme le main character. Visiblement il a beaucoup de rancœur sur la vie et il tente de se rattraper à tout prix. Ça doit être très difficile de vivre/travailler avec une personne comme cela.
- pour continuer sur AG2R, et donc la responsabilité de Julien Jurdie; voir qu’ils ont dans leur équipe un jeune australien et que personne ne parle anglais c’est terrible. Et ça l’est d’autant plus quand Ben O’Connor est à l’hôpital, qu’il demande ce qu’il lui arrive et ils lui parlent en français, à toute vitesse, et certains avec un accent difficilement compréhensible, même pour un français. Oui c’est une équipe française mais ça me semble être la base du respect de lui parler dans une langue avec laquelle il est confortable, au moins sur des sujets aussi sensibles que sa santé.
- Marc Madiot qui fait tout pour être détesté, avec ses remarques de boomer à longueur de temps et son vocabulaire de dramaturge qui en fait des tonnes
- David Gaudu avec ses lunettes de vue toutes écaillées
- la fausse scénarisation, consistant à créer des histoires qui n’ont pas eu lieu, permet certes de rendre la série plus captivante, mais est forcément trompeuse
Au final ce que j’en retiendrai c’est que ces huit épisodes font un travail remarquable pour montrer à quel point le cyclisme est un sport d’équipe. Que ce soit les coureurs, les mécaniciens, l’encadrement… Sans l’implication de tous les membres, les chances de succès sont nulles. Et forcément, quand un collectif se confronte à un tel évènement, ça fait des histoires incroyables à raconter !
Cet esprit d’équipe se retrouve aussi plus largement au niveau de ceux qui ont permis cette série et qui cherchent donc à promouvoir cet superbe sport : ASO, l’organisateur du Tour de France; France Télévisions, le diffuseur officiel; et aussi les équipes qui ont participé activement via les entretiens et les reportages.
A recommander à tout le monde !
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