Si j’avais annoncé la couleur en mai dernier, mon plan a été plus compliqué à mettre en œuvre que prévu.

Idéalement je voulais m’y prendre un vendredi pour profiter des trains plus nombreux, mais surtout, il fallait que la météo sois non-seulement agréable le jour J, mais surtout qu’il ne pleuve pas les jours précédents. Car si l’idée de départ de faire une sortie VTT sur un Brompton pouvait paraître étrange, elle devenait tout simplement ridicule en cas de conditions boueuses. Rien que de l’herbe mouillée c’est une vraie patinoire, alors des chemins agricoles, c’est non. Et le fabricant ne s’y trompe pas avec un 2/6 sur en “Off-Road Grip”.

En juin et juillet, entre les conditions météo défavorables et les deux injections de mRNA-1273, ça s’est avéré impossible.
En août, seul le vendredi 13 était éligible. Mais superstition ou non, j’ai été pris eu dépourvu. Non seulement je n’avais pas réellement planifié la chose, mais en plus ma carte TER Hauts-de-France avait expiré quelques jours plus tôt…
Qu’à cela ne tienne, je profite de la soirée pour corriger mes erreurs : je me crée un itinéraire complet au départ et à l’arrivée de la gare d’Amiens, en incluant évidemment la fameuse trace, et je procède au renouvellement de ma carte TER.

Cette semaine, je constate qu’un temps très correct (presque superbe pour 2021…) est prévu sur l’ensemble de la semaine, avec un weekend de trois jours encore plus favorable. Le moment est-il enfin arrivé ?
Mais au fait, elle est où ma carte TER ? Ils annonçaient une réception sous 15 jours mais toujours rien dans ma boîte aux lettres, et aucun email d’expédition… Vérification faite, je n’avais pas reçu d’email l’année dernière non plus. Soit.

Alors que les jours avancent, les conditions météo se confirment, et je m’inquiète de plus en plus sur l’absence de carte dans le courrier. 10€ la carte (contre 30€ en temps normal, merci la promotion d’été) qui permet d’économiser 22.2€ sur l’A/R Lille-Amiens (ou 12.2€ une fois le tarif de la carte déduit), c’est compliqué de passer à côté.

Finalement, mercredi soir, elle est là ! Et la météo annonce toujours le même programme ! Ma première action après m’être connecté au PC pro le jeudi matin consiste donc à poser la journée du vendredi, avant d’aller acheter les billets.

Comme un symbole, le train au départ de Lille-Flandres à 8h53 arrive à Amiens à… 10h10. Banco !

Billet TER

Dans la soirée, une petite révision du vélo pour éviter toute mauvaise surprise, préparations des affaires (ne pas oublier les masques) et au dodo.

Le départ du train est à 8h53, Google annonce 15mn de trajet à vélo, mais à 8h35 je suis encore dans la salle-de-bain à m’appliquer de la crème solaire. Envie de prendre des risques ? 8h40 en bas de l’immeuble, il est 8h51 lorsque je m’engage en trottinant sur le quai. Les feux ont été favorables, autrement ça aurait été totalement impossible malgré les raccourcis. Le temps de replier le vélo et de m’installer, le train démarre. Quel plaisir de démontrer l’efficacité du vélo en ville.

Arrivé à Amiens, le temps d’installer le Garmin sur le vélo, démarrer la trace et c’est parti !

Pour rejoindre le départ de la trace, j’avais décidé de passer par des endroits ayant eu une certaine importance dans mon passé. Alors c’est naturellement que les premiers coups de pédale me font passer derrière le cinéma Gaumont avant de… remonter la rue Vulfran Warmé. Ça attaque dur !

Au bout de cette rue, j’ai découvert, en préparant la trace, l’existence du Petit Chemin de Saint-Fuscien, accessible aux seuls piétons et cyclistes, qui permet de déboucher sur le Boulevard de Bapaume à quelques mètres du célèbre Mario’s Pizza. J’ai comme l’impression que ce chemin m’aurait fait économiser quelques paires de chaussures lorsque j’empruntais la Rue de Cottenchy pour aller ou revenir de la gare.

Entrée du Petit Chemin de Saint-Fuscien

Ensuite on descend la Rue Saint-Fuscien pour rejoindre la Rue Alexandre Dumas et découvrir avec un grand plaisir que le trottoir a totalement été réaménagé pour accueillir une belle piste cyclable. Sur cet itinéraire, emprunté certainement des centaines de fois, principalement sur un BMX, j’ai fini au moins deux fois au sol après avoir été percuté par un automobiliste, et j’ai évité de très nombreuses situations similaires. Alors savoir que les moi d’aujourd’hui peuvent se déplacer de manière bien plus sereine et sécurisée, ça ne peut que me réjouir.

On débranche vers la Clinique Victor Pauchet pour rejoindre la Vallée des Vignes. Cette fois c’est une mauvaise surprise qui m’y attend. A l’époque, c’était un espace sécurisé (comprendre sans circulation automobile) qui mélangeait verdure et mobilier urbain, parfait pour passer le temps à ne rien faire ou s’amuser avec un BMX ou un skateboard. Aujourd’hui, la végétation est toujours là, trop même, puisque le passage est parfois bloqué par celle-ci. Manque flagrant d’entretien. Mais surtout, l’artificiel a très mal vieilli. Les bancs sont couverts de mousse/saleté, les trottoirs sont emplis de trous, les murets fissurés/cassés… Ce qui était un lieu de vie accueillant est devenu une zone à l’abandon. Vraiment très étonnant. Surtout que j’y croise des agents d’entretien qui plutôt que de faire quelque-chose de vraiment utile, viennent assombrir le tableau en faisant vrombir le moteur de leur souffleur de feuilles qui ne fait que soulever de la poussière.

Arrivé en haut, c’est le moment de tourner à gauche pour rejoindre le départ de la trace.

C’est officiellement la fin de la ville et on attaque directement avec une montée en graviers/cailloux. Rappel immédiat de pourquoi je faisais cela avec un VTT. Pas grand monde là-haut. Des épandages récents font que l’atmosphère est tout sauf agréable. Passage du pont au dessus de l’A29, puis retour d’un revêtement un peu plus lisse avant d’arriver sur l’intersection séparant l’aller et le retour.

A gauche, descente vers Saint-Fuscien; en face, retour depuis Hébécourt

Certains passages, je les avais totalement oubliés, aucun doute. Et dès la première descente, j’en viens à me questionner sur mon choix de monture. Avec un VTT j’aurai pu descendre sans toucher aux freins, en allant presque tout droit. Là je suis contraint de rouler au ralenti, pour pouvoir négocier les meilleures trajectoires entre les racines, rochers, ornières… car le vélo ne pardonne rien. Fort logiquement les douleurs aux mains apparaissent rapidement. L’impression de rouler sur des secteurs pavés, les pavés en moins…
Malgré tout je progresse à un bon rythme.
Plusieurs passages sont couverts de végétation et fatalement moyeux, axe du pédalier et surtout pignons se trouvent couverts; m’obligeant à m’arrêter à plusieurs reprises pour faire du nettoyage sans quoi la chaîne se met à sauter et les roues refusent simplement de tourner. Problématique.
Le chemin secret à Rumigny, la zone à déchets verts, la montée en épingle à Saint-Sauflieu… Les souvenirs sont bien présents. Jusqu’à arriver au cimetière à Hébécourt, passer par un bout de forêt dont le sol est jonché de vilaines racines, traverser la D1001 avant de tirer quasiment tout droit pour rejoindre le départ.

La vraie surprise se sera présentée sous la forme d’un quasi-mur, entre Saint-Sauflieu et Hébécourt, aka Côte de la Chaussée Brunehaut que l’on peut apercevoir ici. Le segment de 500m annonce 6.7% de moyenne mais c’est parce qu’il inclus le pied en négatif et le replat au sommet. Il ne faut pas mettre de côté une bonne partie à ~14% constituée de silex et racines entre lesquelles l’eau a creusé en s’écoulant. Là encore, il est important de trouver la bonne trajectoire sinon c’est arrêt immédiat et pousser le vélo jusqu’en haut. Ça se passe mieux que prévu mais je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi je n’avais aucun souvenir de cette montée.

Finalement grâce au terrain sec le vélo est passé partout et je n’ai pas eu besoin de marcher/le pousser ce qui est une vraie source de satisfaction. Le parcours a tenu ses promesses et j’étais content de pouvoir jouer avec ma mémoire en même temps que mes jambes.

Concernant les 40km annoncés, ce sont finalement 25.2km et 200m de D+ que j’aurai parcourus en 1h14. Une belle marge de… 15km !

La plaine/clairière entre Saint-Fuscien et Rumigny, dont j’ai toujours gardé un souvenir très fort

La fontaine du cimetière à Hébécourt

La boucle terminée, retour vers la gare d’Amiens en commençant par un classique avec la descente de la passerelle de la Vallée des Vignes pour rejoindre la ZAC.

La passerelle piétonne reliant la Vallée des Vignes à la ZAC de la Vallée des Vignes

Si faire ça un jour de semaine pour profiter des horaires des trains était une bonne idée, revenir en ville vers midi, en particulier le premier vendredi de septembre, ensoleillé qui plus est, c’était moins bien senti. La circulation automobile est intense, les piétons sont nombreux, à commencer par les collégiens (qui sont nés approximativement quand je quittais Amiens pour Lille #ImOld) qui apprécient les voies de bus et autres aménagements cyclables pour se déplacer à pieds. C’est un peu plus compliqué qu’à l’aller, mais pas de stress, j’ai tout mon temps !

De retour à la gare, je jette un œil à Internet pour trouver où manger puis me dirige, en passant par la Rue Cormont, vers le Break pour repartir avec un chili (bof) et une part de leur gâteau chocolat/pistache (très bon, mais il m’aura fallu une bonne heure pour en venir à bout) avant de me diriger vers le Parc Saint-Pierre pour déjeuner au Soleil sur un banc, devant quelques foulques macroule bagarreuses et des enfants s’amusant à sauter sur les pontons flottants (les souvenirs et les émotions surgissant alors plus nombreuses que les vagues créées en réaction sur l’étang).

Le gâteau chocolat/pistache du Break

L’expérience est une réussite totale. La météo, le déplacement, le parcours à vélo, la voyage dans les souvenirs… Et surtout l’agréable sensation de voir que la ville semble avoir évolué dans le bon sens.

De par mon vécu, je m’attendais à arpenter un circuit automobile géant et force est de constater que ce n’était pas le cas. Les aménagements cyclables ont fleuri plus nombreux que les immeubles, les vélos de la ville, que ce soit ceux en libre service ou les VAE loués par la Buscyclette, et la cohabitation avec les automobilistes semble bonne. Coïncidence ou non, je n’ai eu aucun problème sur place, alors qu’il ne m’aura fallu parcourir que 300m depuis Lille-Flandres pour me faire couper la route par un automobiliste et éviter le choc de quelques centimètres alors que je circulais dans une voie réservée. Bon retour !

Bref, Amiens c’est aussi le tien.