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Deux salles, deux ambiances

Depuis quelques années maintenant, de plus en plus de villes multiplient les efforts pour rendre à ses habitants une partie de l’espace public qui avait été allouée jusqu’alors aux automobiles.
Cela passe par la création de zones piétonnes, la conversion de places de stationnement en espaces de vie ou encore, pour ce qui m’intéresse le plus, l’amélioration de l’expérience pour les cyclistes avec la créations de bandes/pistes cyclables, la mise en place de Sas Vélo (rarement respectés par les vroomers mais c’est pas le sujet) et de panneaux M12 qui, pour rappel, n’autorisent pas les cyclistes à s’abstenir du respect d’un feu orange/rouge, mais le convertissent en un cédez-le-passage.

Si je profite surtout de ces aménagements quand je me déplace pour du commute, ça ne m’empêche pas de les remarquer et d’apprécier ces changements quand je suis sur mon vélo qui va vite.

Avec ce vélo, l’idée étant de couvrir rapidement des distances importantes, je multiplie, au cours d’une sortie, les traversées de villes mais surtout de villages. Et le contraste est flagrant.

Là où les villes cherchent à rendre la circulation des cyclistes plus agréable et sécurisée, les villages font tout l’inverse.
Cependant, cela n’est pas le résultat direct d’un volonté de nuire aux cyclistes; car concrètement les administrés des villages n’ont strictement rien à faire de ces derniers, mais ce sont toutes les stratégies mises en œuvre afin de tenter de ralentir les automobilistes qui pourrissent la vie des locaux[1] qui viennent également rendre la vie difficile et dangereuse aux cyclistes de passage.

Petit tour d’horizon de ces aménagements et de leurs conséquences pour les cyclistes.

Les ralentisseurs. C’est de loin le plus populaire de tous. On peut en croiser une dizaine dans la traversée d’un seul village. Leur nuisance varie énormément. Les coussins, qui laissent un espace libre sur le côté, peuvent être tout simplement évités par un cycliste et avoir une nuisance quasi-nulle. Par contre les surélévations type plateau, certaines sont suffisamment réduites sur les côtés pour approcher d’une expérience type coussin. Mais d’autres couvrent absolument toute la largeur et sont d’une verticalité telle que la seule solution pour éviter un choc consiste à faire un saut à la montée puis à la descente.

Les écluses/chicanes. La plupart du temps il y a largement la place pour qu’une voiture et un cycliste puissent s’y croiser. Pour autant, si le cycliste n’a pas la priorité, cela peut être légitimement mal pris par l’automobiliste que le cycliste s’engage malgré tout. A l’inverse, si le cycliste a la priorité mais que l’automobiliste en face décide de s’engager car c’est qu’un cycliste, c’est une tentative d’assassinat claire et nette. Dans le premier cas, le cycliste a jugé qu’il pouvait se mettre en danger pour éviter de trop ralentir/s’arrêter. Dans le second, l’automobiliste à décidé qu’il pouvait mettre en danger le cycliste pour éviter de ralentir/s’arrêter. La nuance est claire ?
Surtout qu’il est tout à fait possible de construire une écluse cycling-friendly. Bon ici, dans ce sens-là, il y a ensuite un aménagement merdique dont juste après; mais l’idée est là.

Les priorités à droite. L’idée est simple : la voie principale qui traverse un village doit laisser la priorité à tous les usagers provenant des voies secondaires perpendiculaires. C’est une pratique qui se multiplie rapidement, avec de plus en plus de panneaux ATTENTION : Changement du régime de priorité dans la traversée du village. Financièrement c’est malin, les priorités à droite ça ne coûte rien. Pas besoin de peinture pour matérialiser des stops/cédez-le-passage sur la voie principale ou les secondaires. Pas besoin de macadam pour des ralentisseurs. Pas besoin de poteaux pour des écluses. Pas besoin d’installer des feux. Pas besoin de construire un carrefour giratoire.
Du génie ! Il suffit de ne rien faire et automatiquement espérer que tout le monde joue le jeu pour que les automobilistes ralentissent, que les accidents ne se multiplient pas et que la circulation reste fluide aux heures de pointe.
Pour les cyclistes par contre c’est de la merde.
Car sur les priorités à droite aveugles à cause des bâtiments/de la végétation, même 30kmh c’est trop rapide pour pouvoir s’arrêter à temps pour laisser passer un véhicule qui arriverait de la droite. Résultat il est absolument nécessaire de ralentir à chaque intersection alors que l’on respecte déjà la limitation de vitesse.
Car les automobilistes qui suivent un cycliste ont souvent tendance à ne voir que lui et ne rien anticiper d’autre. Résultat si le cycliste pile à une priorité à droite, l’automobiliste, suivant le cycliste de bien trop près, risque très fortement de percuter le cycliste qui ne fait que respecter les règles.
Car les automobilistes qui respectent ces priorités lorsque c’est un cycliste qui a la priorité sont rares. Résultat un cycliste avec la priorité se retrouve à subir un stop inexistant.

Les stops. C’est un aménagement relativement simple, clair et potentiellement efficace. Bien souvent converti en un simple cédez-le-passage, il a au moins l’avantage d’être compris et anticipé par une majorité d’automobilistes.
Seulement de plus en plus de communes s’amusent à mettre des stops dans toutes les directions d’une intersection. Ce qui techniquement peut provoquer une impasse mexicaine mais qui dans les faits est surtout très souvent ignoré par les habitués. Le plus typique est un automobiliste qui arrive en face et décide de griller le stop et de tourner sur sa gauche, coupant alors la route du cycliste qui avait respecté le stop.

Les feux comportementaux ou encore feux intelligents. L’idée c’est que le feu est rouge par défaut et il passe au vert s’il détecte un véhicule en approche à une vitesse inférieure ou égale à la limite autorisée.
La théorie est plutôt bonne. La pratique c’est que bien souvent le cycliste n’est tout simplement pas détecté. Donc peu importe la vitesse à laquelle il circule, la seule solution pour pouvoir franchir le feu au vert est de suivre un automobiliste respectant la limitation de vitesse. Complètement débile.
Et ça se transforme aussi en punition lorsqu’un cycliste circulant à une vitesse adaptée se retrouve, souvent suite à un dépassement, derrière un automobiliste ne respectant pas la limitation de vitesse.
Là encore il existe une solution très simple, qui consiste à apposer un panonceau M12 sur le feu (ici un M12b).

Là où ça devient vraiment dangereux, c’est quand un automobiliste ne fait preuve d’aucune anticipation et d’aucun respect du code de la route et des règles de sécurité, va vouloir dépasser à tout prix le cycliste situé devant lui, en dépassant allègrement la limitation de vitesse, avant de se retrouver immédiatement contraint de ralentir face à un aménagemeent prévu à cet effet.
Résultat, le cycliste qui circulait normalement, se retrouve avec une voiture qui pile juste devant lui, l’obligeant à faire de même ou à faire un écart pour éviter l’impact.
Ce genre de situation absurde se produisant au moins une fois par sortie.

Au final c’est une fois de plus les usagers faibles qui subissent les conséquences du comportement des automobilistes. Et j’essaie autant que possible de ne pas y penser pour ne pas gâcher mes sorties. Mais comme ces aménagements sont de plus en plus nombreux, et les mises en danger qui vont avec également, c’est compliqué car pour rester en vie il est nécessaire d’anticiper les situations dangereuses qui vont découler des aménagements.

[1] : Très important à préciser. Dans le village A, les habitants vont subir le trafic de traversée des habitants des villages B et C. Mais les habitants de A vont ensuite faire subir leur trafic de traversée aux habitants des villages B et C. C’est un problème sans fin compte-tenu de la dépendance à l’automobile des ruraux.

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Test de personnalité simple et rapide « Bob Marley »

C’est une discussion que j’ai (involontairement) au moins une fois par an depuis une dizaine d’années maintenant, et à chaque fois le résultat s’est avéré très juste.

Le concept est très simple.

Demander à une personne comment elle traduit/comprend le titre de la chanson No Woman, No Cry de Bob Marley.

Deux solutions :

  • femme, ne pleure pas
  • pas de femme, pas de pleurs

Dans un premier cas, on est face à une personne qui sait prendre du recul, prendre le temps d’analyser les choses et, surtout, sait faire preuve d’empathie.

Dans le second cas, on est face à une personne impulsive et insensible.

Évidemment le vrai sens du titre est le premier.

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Travel is fatal

When you travel, you suspend your usual standards for what counts as a valuable use of time. You suspend other standards as well, unwilling to be constrained by your taste in food, art, or recreational activities. After all, you say to yourself, the whole point of travelling is to break out of the confines of everyday life. But, if you usually avoid museums, and suddenly seek them out for the purpose of experiencing a change, what are you going to make of the paintings?
[The case against travel sur NewYorker.com]

Partageant l’idée globale de l’article, c’est rafraîchissant à lire tant la normalité est de vénérer ces individus qui se font des pays à chaque période de congés.
Je n’ai personnellement jamais compris l’intérêt de cumuler les kilomètres et, surtout, les tonnes de carbone émises dans l’atmosphère, pour vivre des expériences.
Alors qu’il suffit de sortir de chez soi et d’arpenter son voisinage d’une façon différente de sa routine (changer d’horaire, de mode de transport…) pour découvrir un monde totalement inconnu.
La seule explication qui a du sens c’est la volonté d’afficher un certain statut social, qui avait cours à l’époque où voyager était réservé aux seuls individus qui avaient des moyens très élevés. Aujourd’hui, où, joies du low-cost, traverser l’Atlantique peut ne coûter qu’une centaine d’euros, ça n’a plus du tout ce côté élitiste. Bien au contraire.
Généralement quand quelqu’un me dit qu’il aime voyager, je présuppose que cette personne n’aura pas grand chose d’intéressant à raconter. Pire, elle tentera régulièrement de m’infliger des séances de visionnage de photos toutes plus banales les unes que les autres.

Bien évidemment, il existe des personnes qui voyagent différemment, qui ne sont pas là pour cocher des cases dans une liste de lieux à avoir vus, qui voyagent avec une véritable volonté de découvrir. Elles sont très actives dans leur démarche. Mais elles sont absolument minoritaires, contrairement aux millions de touristes qui traversent la planète chaque année pour vivre des expériences. Et une chose qui les différencie particulièrement est qu’elles s’intéressent avant tout aux gens plus qu’aux lieux; et elles apprécieront autant de parler avec un inconnu dans leur rue, que parler avec un inconnu à l’autre bout du globe.

L’autre chose intéressante à propos de cet article c’est les réactions que cela a amené. Avec de nombreuses personnes qui affirment que ce n’est qu’un ramassis de conneries, tout en expliquant que voyager fait d’eux de meilleurs humains.
Légère contradiction non, entre affirmer être quelqu’un d’ouvert sur l’autre grâce aux voyages, et refuser catégoriquement toute remise en question du concept de voyage ?
Peut-être que je n’ai pas suffisamment relâché de carbone pour comprendre ?

Le titre.

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JDMAI #90

Slaughterhouse-Five – Kurt Vonnegut : Sur le fond, j’adhère. Sur la forme, j’accroche partiellement. Mais de là à le considérer comme un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature…
Le fait que de nombreuses trames soient démarrées mais rapidement abandonnées ou simplement arrêtées en cours de développement m’a particulièrement posé problème; m’empêchant de réellement accrocher.

She asked Gluck if he wasn’t awfully young to be in the army. He admitted that he was. She asked Edgar Derby if he wasn’t awfully old to be in the army. He said he was. She asked Billy Pilgrim what he was supposed to be, Billy said he didn’t know. He was just trying to keep warm. “All the real soldiers are dead,” she said. It was true. So it goes.
[Slaughterhouse-Five – Kurt Vonnegut]

Breath: The New Science of a Lost Art – James Nestor : Comme tous les ouvrages scientifico-journalistiques, c’est à lire en prenant beaucoup de recul. Ce que malheureusement peu de gens semblent prêts à faire.
Oui, l’auteur relate avant tout son expérience personnelle et relate des anecdotes. Mais il n’incite aucunement à faire exactement la même chose que lui. Tout au mieux il suggère d’expérimenter soit-même en prenant des précautions.
Certaines histoires semblent un peu too much ce qui devrait d’autant plus inciter à prendre du recul.
Mais à côté de cela il pousse à une certaine réflexion sur la façon dont on a trop souvent tendance à accepter tout ce que nous dit la médecine sous prétexte qu’elle a apporté d’énormes progrès dans la survie et l’existence de notre espèce. Et qu’une fois de plus, la technologie n’est pas forcément la réponse à nos problèmes.
A titre personnel j’ai mené mes propres expérimentations suite à la lecture de certains chapitres et après avoir poussé mes recherches ailleurs; et si parfois je n’ai rien observé de concluant; d’autres fois les résultats étaient tout du moins impressionnants. En particulier concernant les ronflements (je n’ai pas encore testé le mouth taping).
J’ai trouvé ça intéressant et facile à lire. C’est l’important, non ?

Évolution ne signifie pas toujours progrès. C’est simplement synonyme de changement, or, dans la vie, les choses peuvent changer pour le mieux… ou pour le pire.
[Breath: The New Science of a Lost Art – James Nestor]


Agent Zigzag: A True Story of Nazi Espionage, Love, and Betrayal – Ben Macintyre : Une histoire incroyable parfaitement narrée avec moults détails. Cependant, pour avoir déjà lu des livres du même auteur publiés plus récemment, il est à noter qu’il n’a fait que s’améliorer ce qui rend la lecture d’autant plus passionnante et plaisante.

All wars — but this war in particular — tend to be seen in monochrome: good and evil, winner and loser, champion and coward, loyalist and traitor. For most people, the reality of war is not like that, but rather a monotonous grey of discomforts and compromises, with occasional flashes of violent colour. War is too messy to produce easy heroes and villains; there are always brave people on the wrong side, and evil men among the victors, and a mass of perfectly ordinary people struggling to survive and understand in between. Away from the battlefields, war forces individuals to make impossible choices in circumstances they did not create, and could never have expected. Most accommodate, some collaborate, and a very few find an internal compass they never knew they had, pointing to the right path.
[Agent Zigzag: A True Story of Nazi Espionage, Love, and Betrayal – Ben Macintyre]

Tour de France: Unchained (Saison 1) : Voir critique complète.

Tentation au supermarché: Aventure, érotisme & grande distribution – Alexandra Chevalier : C’est un gros délire de Babor et honnêtement ça marche vraiment bien. C’est parfaitement son style, très drôle. Dingue que des personnes se prenant beaucoup plus au sérieux arrivent à pondre des livres bien plus mauvais.

Annabella prenait un plaisir monstrueux et elle beuglait comme une vache à l’abattoir mais qu’on aurait raté et qui du coup serait en train de souffrir sauf que là c’est du plaisir.
[Tentation au supermarché: Aventure, érotisme & grande distribution – Alexandra Chevalier]

Dead Until Dark – Charlaine Harris : Guilty pleasure pour l’arrivée de l’été, influencé par le livre de Babor référencé précédemment. C’est le livre qui est à l’origine de la série True Blood que j’avais réellement appréciée.
Malheureusement je n’ai pas réussi à apprécier, tant l’écriture est faiblement maîtrisée, la narration à la première personne de Sookie est une insulte à l’intelligence et le rythme est complètement haché. Et c’est quelqu’un qui a lu la totalité de la série Twilight qui dit ça. C’est dire à quel point c’est vraiment pas terrible.
Dommage car j’étais ravi de pouvoir me lancer dans une série de treize livres que j’imaginais simples et appréciables. Quand je vois que les suivants ne sont pas mieux notés, je pense qu’il n’est pas nécessaire de tenter de poursuivre l’aventure.

“What kind did you get?” I asked, just to show interest. He was dying to tell me; Jason’s an appliance freak, and he wanted to describe his comparison shopping for a new water heater in detail. I listened with as much attention as I could muster.
[Dead Until Dark – Charlaine Harris]

#Playlist

Mungo’s Hi Fi – Bike Rider Ft Pupajim : With my bike I make no traffic jams…

Bob Vylan – Health Is Wealth : Un concentré de punchlines et de messages très pertinents.

Les Cowboys Fringants – L’Amérique pleure : Hype lancée par l’équipe Groupama FDJ dans le septième épisode de Tour de France : Unchained. Énorme gifle en écoutant les paroles. Et impossible de ne pas également parler de Les maisons toutes pareilles.

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Juste un bidon

Ayant grandi dans une famille qui ne s’intéressait absolument pas au sport, que ce soit dans sa pratique ou en tant que spectateur, j’ai peu de souvenirs qui impliquent du sport et des membres de ma famille.

J’ai pratiqué de nombreux sports, que ce soit à l’école via l’USEP, en club ou simplement avec les copains du quartier; mais au mieux mes parents ne faisaient que le taxi.

Pour le côté spectateur, je crois n’être allé qu’une fois assister à un match de foot de l’ASC au Stade la Licorne, et c’était avec des amis qui avaient gagné des places.
Cependant, pendant quelques années, une exception notoire : mon père m’emmenait régulièrement au Coliseum assister à des matchs des Gothiques.
La légende raconte que c’est parce que le hockey était ma grande passion à l’époque (vrai), mais avec le recul, c’était aussi (surtout ?) une façon de lier l’utile à l’agréable puisque les vrais invités étaient des clients de son entreprise. Bref.

Ce dont je me souviens des matchs de hockey sur glace, c’est que le rêve de nombreux spectateurs était de récupérer un palet qui se serait échappé de la patinoire pendant le match pour finir dans le tribunes.
Contrairement au football et au rugby où il faut retourner le ballon sur le terrain; on pouvait, tout du moins à l’époque, conserver le palet pour soit. Il faut dire que la situation était suffisamment exceptionnelle, et surtout, ça voulait dire qu’on venait littéralement de frôler la mort; alors c’était un moindre mal de pouvoir repartir avec ce petit trophée.

J’avais des amis qui exposaient fièrement cet objet chez eux, et après chaque match, je repartais un peu déçu de ne pas avoir touché le Graal.

Ensuite mes intérêts ont changé, et le cyclisme a pris une place de plus en plus importante dans ma vie.

Ce n’est qu’une fois adulte et installé quelques centaines de kilomètres plus au nord, que j’ai commencé à aller regarder passer le peloton professionnel.

Si j’avais pu constater à la télévision que les spectateurs au bord de la route se ruaient sur les bidons (vides ?) dont se débarrassaient les coureurs; ce n’est qu’en le vivant de l’intérieur, que j’ai pu me rendre compte de l’ampleur du phénomène.

De base je ne comprenais pas vraiment l’intérêt : c’est juste un bidon. Il n’a rien de spécial, tu peux acheter le même pour 5€ sur n’importe quel site d’équipement de cyclisme. Pire; quelqu’un d’autre a déjà bu dedans et vu le vol plané qu’il a fait sur le bitume/la terre; il est bien souvent amoché. Donc pas vraiment utilisable. A quoi bon ? C’est juste un bidon. Il va prendre la poussière sur une étagère ? Ou alors c’est pour essayer d’en tirer quelques dizaines d’euros sur LeBonCoin ? C’est triste. C’est juste un bidon.

Mon avis sur la question ne s’est pas amélioré quand un jour un coureur a lancé son bidon de l’autre côté de la route au bord de laquelle je me trouvais. Le jet était dirigé à proximité d’un jeune garçon. J’imagine que c’était volontaire et que le bidon lui était destiné. Sauf qu’un adulte, sans lien aucun avec le garçon, en a décidé autrement et a même bousculé ce dernier afin de s’assurer de se procurer l’objet. Faisant tomber l’enfant qui se mit à pleurer.
Comme c’était dans le Nord, ses parents n’en ont rien eu à faire, par contre avec d’autres spectateurs ayant assisté à la scène, nous avons exprimé notre mécontentement auprès de ce vil personnage qui s’est contenté de nous dire de « fermer [nos] gueules » avant de s’éloigner, bidon à la main.

Fort heureusement cette scène ne s’est pas reproduite sur les autres courses auxquelles j’ai pu assister. Probablement parce que les endroits où je me mettais n’étaient pas propices aux jets de bidon.

Tout cela pour dire que contrairement aux palets de hockey; les bidons des coureurs n’ont jamais eu d’attrait à mes yeux et si j’allais assister à une course c’était avant tout pour l’ambiance et pour ressentir cette petite dose d’adrénaline en voyant, en vrai, des athlètes que je regarde pratiquer notre sport toute l’année à la télé.

Jusqu’à hier. Où je me suis rendu à Cassel pour assister aux Championnats de France sur Route 2023.

J’y étais pour plusieurs raisons :

  • assister à un Championnat de France (ce n’est pas tous les ans qu’il se déroule si près de chez soit)
  • profiter du beau temps
  • voir courir Thibaut Pinot pour la dernière fois (puisque compte tenu du parcours du Tour de France 2023, je n’assisterai à aucune étape)
  • croiser un ami mécanicien qui suivait le peloton dans une voiture de son équipe
  • encourager Julian Alaphilippe que je plaçais comme favori pour la victoire

Et ce fut un succès quasi total, à ceci près que Julian n’a pu gagner puisqu’il a malheureusement été contraint d’abandonner la course en cours de route.

Mais c’est pas le sujet de l’article.
Là où je veux en venir c’est que le gros de la course consistait en un circuit autour de Cassel, à parcourir 15 fois; ce qui permettait de voir les coureurs beaucoup plus longtemps que sur une course normale.
C’est ainsi que lorsque le peloton passait pour la quatrième fois à l’endroit où je m’étais installé, l’improbable se produisit : alors que je criais un « Allez Julian ! » de ma douce voix à peine remise d’une bronchite, ce dernier regardait dans ma direction et lançait un bidon qui s’arrêtait deux mètres à côté de moi.

La configuration des lieux faisait qu’il n’était pas possible de bouger pendant le passage du peloton sans risquer de se faire percuter par un coureur, une moto ou une voiture.

J’attendais donc patiemment le retour au calme pour me retourner et aller récupérer le bidon; en espérant que personne n’était venu le récupérer entre temps.

C’est les mains tremblantes que je me saisissais du précieux Shiva Bio de chez Tacx aux couleurs de la Soudal – Quick-Step.

Les gens autour de moi, tous adultes et tous mes ainés de quelques années minimum, me félicitaient alors pour ce que je venais d’accomplir.

Toujours sous le coup de l’adrénaline, je glissais le bidon dans la sacoche de mon vélo et essayais de retrouver mes esprits avant le passage des coureurs esseulés.

Le retour à la réalité arriva quelques minutes plus tard quand mon ami insider m’informa que Julian venait d’abandonner. C’était donc la dernière fois que je le voyais passer ce jour là.

Avec un peu de recul, je suis vraiment très étonné par ma réaction. L’impression qu’il me l’a volontairement donné à moi personnellement, puisqu’avant son lancé il a regardé précisément dans ma direction ? Avoir son idole qui nous remarque et nous envoie une part d’elle sous forme d’un bout de plastique ?
Bordel me voilà redevenu un gamin. C’est juste un bidon !

Bon maintenant, qu’en faire ? Le laisser prendre la poussière sur une étagère ? Probable.

Au moins j’ai vécu une vraie expérience de fan de la petite reine et mine de rien je risque de garder ce simple souvenir à vie. Alors que quelques minutes avant j’étais encore convaincu que ça n’avait aucun sens.

Comme quoi.

Que ce soit volontaire ou non : merci Julian ! 😉