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La fête n’est jamais finie

Afin de patienter jusqu’au vendredi 19 novembre et la sortie de Civilisation, le nouvel album d’OrelSan, je réécoute sa discographie en boucle depuis bientôt trois semaines et je fais de nouvelles découvertes de textes qui me parlent particulièrement.
Bien que les ayant entendus de nombreuses fois, ce n’est que maintenant que je leur trouve ce sens personnel.

J’y ai pas cru quand tata m’a offert Mega Man
J’avais même pas la Mega Drive, j’kiffais rien qu’de r’garder la boîte
[OrelSan – La famille, la famille]

Assez bluffant de ressemblances, puisqu’à une période où les jeux vidéo étaient tout simplement bannis à la maison, l’une de mes tantes m’avait emmené pour mon anniversaire dans un magasin de jeux d’occasions Rue des Jacobins et m’avait offert Pokémon Bleu. Évidemment, je n’avais pas de Game Boy, alors pour y jouer je devais emprunter celle d’autres personnes. Jusqu’à ce qu’un cousin (par une autre tante) me donne sa Game Boy après s’être fait offrir une Game Boy Color.
Si je n’ai jamais eu de boîte, tant pour le jeu que pour la console, j’ai passé de nombreuses heures à m’imaginer y jouer, quand je n’avais alors que la cartouche à disposition.

Une sélection pornographique des plus raffinées
Tu peux t’branler dans ta poche sur… Wondercash
[Casseurs Flowters – Wondercash]

Dans le secteur où l’on avait nos habitudes étant enfants, il y avait un dépôt-vente La Trocante. Contrairement aux magasins de ce type que l’on trouve dans les zones commerciales, installés dans des bâtiments aseptisés et froids, celui-ci était installé dans un espèce de vieux hangar avec un étage/grenier. Ce qui, dans l’esprit d’enfants, se transforme rapidement en caverne d’Ali Baba, dans laquelle on aimait venir se réfugier les jours de pluie, pour y dénicher de nouveaux trésors avec lesquels on ne pouvait évidemment pas repartir puisque sans le sou. Cela se faisait sous le regard bienveillant du maître des lieux car il nous arrivait également d’aider des clients à trouver ce qu’ils cherchaient, ou porter des objets jusqu’à leur véhicule.
Devenus jeunes adolescents, nos intérêts ont un peu changé et nous nous sommes peu à peu intéressés à un rayon qu’on évitait jusqu’alors, celui des DVD pour adultes.
La stratégie employée par l’entreprise était de mettre en rayon les boîtes avec leurs jaquettes, mais de garder les DVD à la caisse, pour ne les fournir qu’après paiement, pour éviter le vol.
Mais nous n’étions pas équipés de lecteur DVD, ce qui nous intéressait c’était avant tout les jaquettes qui avaient le mérite d’être très explicites. Si bien que le défi entre nous fut alors de subtiliser la feuille de papier glacé avant de repartir, l’air de rien. Après quelques semaines et hésitations, nous fûmes tous les heureux propriétaires d’une jaquette que l’on gardait précieusement dans nos chambres respectives.

On a fait deux fois les 400 coups, on marche en crew, on part en couille
Tout raconter rendrait nos parents fous
[Casseurs Flowters – Dans la place pour être]

Voir l’anecdote précédente.
Si de temps en temps, avec ma grande sœur, on s’amuse à raconter certains de nos exploits passés pour voir la réaction de notre mère, on garde précautionneusement les plus salées car parfois il est bon de ne pas savoir.
Surtout que me concernant, j’ai pu tirer profit des erreurs commises par ma sœur pour m’en sortir, aux yeux de mes parents, avec un bilan bien plus propre. Alors que dans les faits…

Si les Hommes se tirent dessus, c’est qu’y’a des vaccins dans les balles
[OrelSan – Tout va bien]

Compte tenu de ce qu’il s’est passé depuis fin 2020, je pense que s’il avait écrit cette chanson pour Civilisation, OrelSan n’aurait pas écrit ce passage. Ou en tout cas en utilisant autre chose que des vaccins pour tenter de donner un sens positif aux balles; puisque pour une partie de la population, ces dernières semblent préférables aux premiers.