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JDMAI #86

Les Vacances de monsieur Hulot (1953) : On me l’a recommandé suite à une discussion à propos de Mr Bean, qu’il aurait inspiré. Difficile de parler d’inspiration tant les similitudes sont grandes, à commencer par la gestuelle du personnage. Même si c’est beaucoup moins fluide que le personnage britannique, certainement pour des questions techniques d’époque, et que certaines scènes sont tout simplement incompréhensibles, d’autres sont au contraire très plaisantes voir totalement hilarantes. Il y a une vraie ambiance, une vraie personnalité et la musique y est pour beaucoup, le morceau Quel temps fait-il à Paris d’Alain Romans étant joué presque en boucle tout du long.
Une heureuse découverte !

Endurance: Shackleton’s Incredible Voyage – Alfred Lansing : Ce fut une lecture éprouvante. Non pas car, comme certains s’en plaignent, le style est lourd et lent, mais tout simplement parce que ce que ces hommes ont traversé comme calvaire est inimaginable. Après un chapitre j’étais exténué et je devais faire autre chose, incapable de poursuivre.
Et pourtant je trouve que les évènements et situations s’enchaînent tellement rapidement que l’on n’a pas vraiment la possibilité d’en prendre la mesure et de réaliser que l’immense majorité d’entre nous n’aurait pas survécu à une seule journée. Alors tous ces mois…
Ce qui m’a un peu perturbé c’est l’usage du système impérial, qui s’explique par la nationalité et l’époque.
Et on a beau savoir que certains s’en sont sortis; forcément, sinon ce livre n’aurait pu exister; on se dit à chaque paragraphe qu’à un moment, ça ne devient plus tenable, ils vont forcément y passer. Mais non, ils tiennent grâce à leur volonté infinie.
Je ne réalise toujours que tout ça est bien réel, que ce n’est pas une fiction sortie de l’esprit créatif d’un romancier. Mais personne n’aurait été suffisamment fou pour pouvoir l’imaginer. Alors ce doit être vrai.

A forbidding-looking place, certainly, but that only made it seem the more pitiful. It was the refuge of twenty-two men who, at that very moment, were camped on a precarious, storm-washed spit of beach, as helpless and isolated from the outside world as if they were on another planet.
[Endurance: Shackleton’s Incredible Voyage – Alfred Lansing]

Pfff… – Pierre-Emmanuel Barré : Spectacle vu en réalité en janvier mais dont j’avais oublié de parler dans le JDMAI précédent… Un spectacle comique dans un Zénith, entouré de 3000 spectateurs, c’est impressionnant ! Concernant le contenu, c’est du PEB, rien à dire là-dessus. Son concept de conférence disruptive est bien exploité, il prend et exploite les libertés qu’il souhaite pour partir dans les hauteurs, ou les tréfonds qu’il veut faire visiter aux spectateurs et utilise un vocabulaire imagé qui tâche. C’est drôle et bien rythmé.
A côté de cela il est entouré de quelques invités : Giedré pour jouer quelques morceaux au début et faire monter l’ambiance, Guillaume Meurice pour leur jeux de provocation, Benjamin Tranié pour une petite scène malheureusement sans grand intérêt qui dessert le spectacle et Benjamin; et enfin un running gag autour d’Aymeric Lompret qui là aussi est terriblement sous-exploité, surtout ici à Lille où il est chez lui devant un public conquis qui en attendait bien plus.
Habitué au personnage, je n’ai jamais été choqué par ce qu’il a pu dire, par contre à plusieurs moments j’ai ressenti un certain malaise en voyant à quel point l’ensemble de la foule semblait en communion lorsqu’il décidait de s’attaquer à certaines franges de la population.
Fondamentalement, quelle est la différence entre des milliers de personnes qui applaudissent quand un humoriste de gauche se moque des chasseurs en lançant quelques clichés, et des milliers de personnes qui applaudissent quand un politicien de droite propose de renvoyer les immigrés chez eux ?
Personnellement j’y vois, pendant ces quelques secondes d’explosion de joie, une même expression de haine envers son prochain. Et forcément, ça ne me réjouit pas.
Surtout que globalement l’immense majorité des sujets abordés lors de la conférence se font sans réelle prise de risque vis à vis de sa fanbase. Il n’y a bien que ses piques régulières envers les femmes qui pouvaient froisser une partie de son auditoire.

Le Dernier Relais – Benjamin Tranié : Dernière représentation de son spectacle qui tombe à Lille, et qui est utilisé pour la captation. Pas de chance pour moi, je ne connaissais pas la salle, résultat je me suis pointé au pire horaire et me suis retrouvé placé exactement où il fallait pour que le bras de la caméra principale me cache la moitié de la scène.
La bonne nouvelle c’est que contrairement à ce que sa dernière chronique laissait entendre, la salle n’était pas vide; au contraire. On devait être sur un minimum de 95% de remplissage.
Passons au spectacle.
Forcément, on retrouve une grande partie de ses personnages radio, utilisés exactement aux bons moments pour construire l’ensemble de la narration. Et à côté, il en ajoute d’autres qui sont bienvenus et surtout bien plus impurs que ceux que l’on connaissait.
Ça part un peu dans tous les sens, mais il démontre une fois de plus qu’il arrive à créer des personnages aussi vrais que nature.
Pour faire le parallèle avec le spectacle de PEB dont je parle juste au dessus, ce qui saute aux yeux, que ce soit dans les personnages dont il se moque en les parodiant, ou même dans son auditoire : il y en a pour tout le monde. Non, ce n’est pas parce qu’il a un personnage de Beauf qu’il méprise toute une classe sociale. Les politiques et artistes de tous bords ont droit à leur uppercut. Et dans la salle, tout le monde ne riait pas sur les mêmes blagues. C’était assez flagrant et, honnêtement, plaisant, car ça signifie qu’il arrive à rassembler des gens d’horizons très différents. Son déménagement réussi à France Inter l’a démontré : il a réussi à faire venir des gens qui méprisent tout ce que représente à leurs yeux cette radio et ses employés tout en arrivant à conquérir un auditoire qui méprise une partie de la culture qu’il apporte.
Une belle réussite que j’ai hâte de pouvoir revoir, en Full HD et sans gêne, sur un écran !

Clarkson’s Farm (Saison 2) : C’est du divertissement et ça le fait très bien. Les relations entre les différents personnages sont amusantes et quelques nouveaux spécimens viennent rajouter une couche de comique dans cette soupe déjà bien drôle.
Par rapport à la première saison pour laquelle je décrivais Kaleb comme la vraie star du show, visiblement c’est un sentiment partagé puisque Jeremy et lui ont une discussion où le second dit au premier que c’est « [sa] série » et le premier de répondre « ah bon ? ».
Des sujets un peu plus sérieux sont abordés (subventions, réglementations…) mais de manière bien trop superficielle et surtout de manière bien trop unilatérale pour que le spectateur en ressorte réellement informé et puisse se faire sa propre opinion. Il suffit de jeter un œil aux retours pour voir que de manière unanime les gens soutiennent Jeremy. Et ça m’agace beaucoup car non seulement il n’a absolument pas besoin de l’aide de quiconque, il a déjà consommé un million de fois sa part de ce que la société a à offrir à un de ses membres; mais surtout ça ne fait aucunement avancer la cause des personnes qui sont réellement dans la difficulté.
Oui, il essaie de tirer une larme aux spectateurs en nous montrant l’éleveuse qui a du faire abattre la moitié de ses vaches pour cause de contamination; mais derrière il n’hésite pas à sortir son chéquier magique pour s’offrir lui-même une vingtaine de bovins sur un coup de tête.
De la même manière, il dépense sans compter, que ça soit financièrement ou en énergie fossile, pour faire des travaux de tous les côtés de sa ferme; mais vient ensuite expliquer que son concept de minuscule restaurant, visant à accueillir des gens ayant fait des centaines de kilomètres en voiture, pour manger quasi-exclusivement de la viande de bœuf; est en fait un concept écologique car tout sera produit sur la ferme. Oui, tout ce qui sera mangé. Mais tout, absolument tout le reste, est manufacturé/produit et importé d’on ne sait où.
Et vu le succès de la boutique ouverte pendant la première saison, les gens y croient à fond et viennent pourrir la vie d’un petit village pour acheter un sac de pommes de terre et un t-shirt. C’est tellement absurde.
Et c’est dommage car le côté exploitation agricole est vraiment intéressant; et je reste persuadé qu’il est possible de faire du divertissement à vocation éducative autour de ces professions. Sans devoir passer par les caprices d’un boomer égocentrique qui raconte n’importe quoi.
La rumeur dit qu’il y aura une saison 3 car déjà financée, mais ça sera la fin car l’individu aurait fait le dérapage de trop.
Si jamais Amazon veut lancer une série sur Kaleb, Charlie et Gerald; c’est un grand oui !

The Murder at Redmire Hall – J.R. Ellis : L’intrigue est intéressante, bien qu’un peu classique à mes yeux; mais ce qui me laisse sur ma faim avec ce troisième tome c’est le trop faible développement des personnages récurrents qui constituent le cœur de la série…

She was a lively, feisty character committed to all kinds of progressive causes and political activism. They shared many views, but Oldroyd liked to tease her by playing devil’s advocate or playfully pointing out discrepancies between her views and her lifestyle.
[The Murder at Redmire Hall – J.R. Ellis]

#Playlist

Johnny G (The Guidetti Song) – Badpojken : Sacrément entraînant ce truc !

Vertigo – Alice Merton : Pas fan du clip mais la musique est absolument incroyable et la version live avec un orchestre symphonique vaut clairement le détour.