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Bir Baskadir

Pour quelle raison j’ai décidé de regarder cette série ? Bonne question. Surtout que l’affiche présente sur Netflix, qui montre une femme voilée qui n’a pas l’air jouasse, ça puait à plein nez la série bien-pensante comme la plateforme s’en est fait une spécialité depuis quelques années.

Bien m’en a pris de ne pas m’arrêter là.

Ethos (le nom occidental ? de la série) c’est tout sauf du prosélytisme woke.

Si ça parle religion, c’est parce-que les circonstances l’imposent mais ce n’est pas dans le but de vouloir convertir le spectateur à quoi que ce soit.

L’idée de départ : dresser un portrait de la Turquie du 21ème siècle à travers différents personnages représentant chacun une facette du pays et les interactions entre ceux-ci.

Le résultat dépasse toute frontière, même celle du corps, et vient directement parler à l’humain au plus profond de soit.

L’écriture est magistrale, avec un récit superbement construit au sein de chaque épisode, dans l’enchaînement de ceux-ci et sur l’ensemble de l’œuvre. Car oui, Bir Baskadir ce n’est plus du divertissement, ici Netflix propos de l’art.
Des critiques faisaient référence à HBO et c’est tout à fait ça. C’est le (très)haut du panier, ce qui se fait de mieux question série.

La réalisation est à la hauteur, soignée, contemplative et surtout avec sa propre personnalité, ce qui rend l’ensemble d’autant plus unique. Certains plans sont totalement déstabilisants.

La bande originale, même tarif, avec un choix totalement assumé de rendre hommage aux grands artistes du pays. Récents comme moins.

Le casting vient enfin parachever le tout avec un Yasin incroyablement détestable, et Meryem (personnage principal et fille de l’affiche) qui provoque une explosion des nerfs optiques lorsqu’elle apparaît pour la première fois sans son voile à l’image.

Je pourrai continuer longtemps comme ça à faire l’éloge de ce chef d’œuvre mais il est probablement temps de s’arrêter là et de simplement recommander vraiment beaucoup de se faire un cadeau et de le voir au plus vite.

Petite note négative mais ce n’est pas lié à la série en soit : les sous-titres français sont désastreux et font à mon avis perdre une grande partie de l’intérêt des dialogues. Non seulement ils contiennent une quantité impressionnante de fautes de français, mais en plus ils sont parfois tellement incohérents qu’il est impossible qu’ils soient fidèles à ce qu’exprimaient les personnages. Honte à Netflix de saborder le travail des autres de cette façon.

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L’autoroute de l’évolution

En discutant pour la millième fois avec des personnes d’un certain âge qui m’expliquaient à quel point les jeunes générations sont ingrates, sans ambitions et bien plus responsables de l’état actuel de la société et de la planète que les anciens, et alors que j’essayais de leur donner ma vision bien plus nuancée des choses, me vint alors l’image de l’autoroute.

Car si toutes les routes mènent à Rome, ce n’est pas le cas des autoroutes, tout du moins françaises.

L’humanité, tout du moins une grande partie de celle vivant dans le monde occidental, circulait métaphoriquement jusqu’à la première moitié du vingtième siècle sur des petites routes de campagne et pour certains chanceux, des nationales. Puis, bouleversement, la génération née entre 1946 et 1964 s’est insérée sur une autoroute de plus en plus large, de plus en plus lisse, au volant d’automobiles de plus en plus puissantes et confortables.
S’arrêtant à une station service pour faire le plein et accueillir un nouveau-né auto-stoppeur, ou ouvrant la fenêtre pour se débarrasser du corps d’un ainé sur la bande d’arrêt d’urgence, ils ont continué leur chemin à toute vitesse.
Les années passant, les bébés ont grandit et ont commencé à s’approprier le volant grâce à la conduite accompagnée.
Aujourd’hui, ces automobilistes plus jeunes et à la vision plus efficace aperçoivent au loin la gare de péage approcher. Ils savent donc qu’il est nécessaire de ralentir le véhicule mais aussi que la fête est finie, il va falloir passer à la caisse.
Ils se disent que, peut-être, il aurait été plus intéressant de sortir plus tôt, retourner sur des voies plus lents, en s’acquittant de frais de péage moins élevés. Mais impossible, entre la sortie et eux, des dizaines d’autres véhicules qui foncent.
Sur le siège passager, les vieux, malgré leurs lunettes, ne voient pas plus loin que la voiture devant eux. Et n’envisagent pas un seul instant de ralentir. Mourir, oui puisqu’il le faut. Mais qu’ils soient abandonnés sur le côté comme leurs ainés, hors de question de retourner sur une départementale !

Le conflit qui oppose les boomers aux générations Y et Z, pourrait se voir de la sorte : tandis que les jeunes ne peuvent que constater que leur avenir n’est absolument pas prometteur car la planète a été détruite par des dizaines d’années d’abus, que le monde est socialement plus déséquilibré que jamais, qu’ils savent que les vieux ont construit ce monde et ont profité à plein de ce que la vie sur Terre avait à offrir et qu’ils réalisent qu’eux-même n’auront pas ce plaisir et devront se contenter du désastre laissé par leurs aïeux; de leur côté les anciens affirment que les jeunes devraient les remercier car c’est grâce à eux qu’ils ont une vie si agréable aujourd’hui alors qu’à leur époque ils avaient des pantalons trop courts et n’avaient pas de smartphone et que s’ils s’activaient comme eux l’ont fait, ils pourraient peut-être, eux aussi, vivre une belle vie.

Ma vision plus nuancée ?

Les jeunes générations ont raison : on fonce droit sur un péage, il n’y a aucune solution pour le contourner et il va falloir payer pour avoir emprunté cette autoroute. Ce qui est derrière la barrière est totalement inconnu, mais une certitude : ce n’est pas une autoroute.
En tant que conducteur, quel est le sentiment le plus agréable ? Écraser la pédale d’accélérateur pour s’insérer sur l’autoroute tout en entendant le moteur monter dans les tours, ou bien devoir appuyer sur la pédale de frein tout en étant secoué par les bandes de ralentissement à l’approche de la gare de péage ?
Non seulement les Y et Z n’auront pu connaître cette sensation grisante de l’accélération, mais en plus c’est à eux que la tâche ingrate du passage du péage va être confiée.

Les anciens ont raison : les jeunes circulent avec eux, à la même vitesse, dans les mêmes véhicules, et c’est les vieux qui ont construit tout ça. C’est quand même bien mieux que de se traîner en calèche sur un chemin de terre, non ?!

Les deux ont tort : comment reprocher à quelqu’un d’avoir préféré une autoroute à vitesse illimitée et gratuite à une route cabossée ? Car oui, quand ils se sont insérés, à ce moment-là les autoroutes n’étaient pas payantes. Après tout c’était le monde de tous les possibles. Il aurait été absurde de préférer rester sur sa nationale. Et puis soyons honnête, si la question se posait aujourd’hui, nous sauterions sur l’occasion sans y réfléchir une seule seconde.
Dans le même temps, comment reprocher à quelqu’un de circuler sur l’autoroute alors que le volant lui a été confié sur une aire de repos et qu’avec le flux d’automobiles, tenter de rejoindre une sortie serrait quasi-suicidaire ?

S’il fallait parfaire cette image, la crise sanitaire que nous traversons, serait-ce un embouteillage ?

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JDMAI #60

Vikings (Saison 4) : J’avais décidé d’attendre la fin de la série pour déguster les trois dernières saisons d’une traite. Finalement ce ne sera pas nécessaire car je vais m’arrêter là.
Jusqu’à présent je trouvais que Vikings avait une identité, une esthétique, une vision, une ambiance, un esprit, des personnages… c’était une vraie série unique, vraiment plaisante et de qualité.
Si je devais résumer cette quatrième saison, je dirai que j’ai eu l’impression de regarder une émission de télé-réalité sur une famille de cas sociaux. Avec le père alcoolique/toxicomane, le premier fils qui part dans la droite lignée, puis ses frères encore plus ravagés, hideux/handicapés, tout le monde se met à avoir des comportements sans aucune logique, a s’exprimer comme des attardés, à s’insulter sans raison…
Même dans Trailer Park Boys ils ne vont pas aussi loin. Et en plus c’est drôle.
Là c’est inintéressant, déstructuré, absurde… Bref c’est nul.

Room 2806: The Accusation (Saison 1) : Pas hyper convaincu. En seulement quatre épisodes de 50 minutes, c’est nécessairement très peu creusé. Surtout, à l’époque, je me nourrissais encore énormément de l’actualité alors j’étais très au courant de l’affaire. Résultat je n’ai globalement rien appris de nouveau. La série a l’avantage de rester neutre, en laissant la parole aux femmes relatant leurs expériences malencontreuses (…) avec DSK et aux avocats et amis de ce dernier. Et de ce côté, si le discours des avocats américain est tout à fait à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre, celui de son avocat français et de ses amis français est tout simplement abject. A part une place en Enfer, je ne sais pas ce qu’ils espèrent gagner en tenant des propos d’une telle indécence.
A l’inverse, côté NYPD j’ai été particulièrement étonné de l’incroyable humanité dont font preuve Paul Browne et Michael Osgood qui ne se focalisent que sur la victime et la recherche de la justice.

A Perfect Crime (Saison 1) : Exactement le même format que le docu/série précédent et pourtant j’ai bien plus apprécié. Peut-être car cela s’intéresse à une période plus lointaine que je ne connaissais pour ainsi dire pas du tout ? Peut-être parce que c’est bien mieux documenté ? Peut-être parce que c’est bien mieux scénarisé ? Quoi qu’il en soit c’est passé incroyablement rapidement. Très bien.

Murder Mountain (Saison 1) : D’après le titre, je m’attendais à une mauvaise télé-réalité sur des cas-sociaux sur-armés comme on peut en voir en permanence sur la TNT. J’ai donc été très agréable surpris. Certes il y a son lot d’histoires abracadabrantes impliquant des simples d’esprit ayant la gâchette facile. Dont en partie celle qui sert de fil rouge. Mais autour de ça, la série creuse des sujets bien plus vastes comme l’histoire de cette région avec les hippies venus s’y installer en marge de la société, puis les conséquences désastreuses de la politique autoritaire de Nixon et sa War on Drugs et enfin la révolution attendue suite à la récente légalisation de la culture du cannabis. Tout en s’intéressant aux personnes qui y vivent. Au final une histoire très pertinente dont des dizaines de leçons, comme de balles, peuvent être tirées.

The Ripper (Saison 1) : On dépasse encore un niveau en terme de documentation, c’est tout simplement impressionnant la quantité d’éléments d’époque qu’ils ont réussi à réunir dans ces quatre épisodes. Narration et montage au cordeau; très bon. Et pour une histoire dont je ne connaissais rien, c’était passionnant.