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JDMAI #2

Second volet de Je Donne Mon Avis Inutile, avec les séries vues depuis le précédent épisode.

Le printemps approchant, cela devrait se calmer par la suite… Ou pas ?

Utopia (Intégrale) : Bonne surprise. Et pourtant ça partait mal car je n’ai strictement rien compris au premier épisode. La suite passe beaucoup mieux avec un humour loufoque très anglais, tout en amenant une réflexion profonde sur un sujet beaucoup plus sérieux que l’attention qu’on lui porte de manière générale.

Boss (Intégrale) : Vendue comme meilleure série politique depuis The Wire, je n’irai pas jusque là puisque je ne suis pas prêt à comparer quoi que ce soit à cette dernière. Mais Boss est une excellente série qui commence de très belle manière avec un magnifique générique et qui sait rester crédible et compréhensible malgré une certaine complexité. Là où House of Cards joue beaucoup plus sur le spectacle, Boss est plus encrée dans la réalité et c’est pour cela qu’elle en serait meilleure.

Master of None (Saison 1) : Après avoir découvert Aziz Ansari dans Parks and Recreation, c’est avec plaisir que je le retrouve dans cette comédie géniale où il s’est exprimé pleinement. Les dix petits épisodes passent vraiment trop vite… La suite ! Mention spéciale à la bande son très travaillée.

Broadchurch (Saison 1 & Saison 2) : La première saison m’a clairement laissé sur ma fin car le côté investigation était proche de zéro, se focalisant surtout sur les sentiments des différents personnages. Le twist starting de la seconde offre un côté novateur et tout à fait intéressant. En parallèle d’une vraie enquête qu’on n’avait pas eu. La photographie soignée avec de très beaux paysages et l’accent écossais d’Alec Hardy (David Tennant) sont deux bonus qui permettent d’ajouter un intérêt supplémentaire à la série.

The Fall (Saison 1 & Saison 2) : Très partagé. The Fall est une série de qualité, bien scénarisée et bien réalisée. Rien à dire là dessus. Par contre son contenu est loin d’être au niveau. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec Dexter qui proposait alors quelque chose de nouveau. Le résultat ressemble à une libre adaptation britannique. Sauf que Belfast c’est nettement moins fun que Miami, quoi que plus réaliste pour le commun des européens, et que Lauren Vélez envoie beaucoup plus que Gillian Anderson. A propos de cette dernière, sans conteste le faire valoir de la série, son personnage semble tellement sur-travaillé et sur-joué que ça en devient réellement repoussant. Sans compter sa manie de s’habiller avec d’affreux vêtements en soie.

Archer (Saison 1 & Saison 2) : Série à regarder le cerveau éteint. Amusante par moments. Lourde parfois. Sans profondeur. Mais ça passe très vite, donc ça permet d’occuper le temps; par exemple entre deux séries un peu plus complexes.

The Americans (Saison 1, Saison 2 & Saison 3) : Rien n’est à jeter. Tout est bon, voire excellent. La série ne sera jamais un chef d’œuvre car l’écriture au fil de l’eau se fait parfois ressentir ce qui apporte quelques incohérences et un léger manque de stabilité; mais tout le reste est vraiment très génial. Je ne m’explique d’ailleurs toujours pas son manque de popularité.

The Blacklist (Saison 1/Épisode 1) : Non. J’ai beaucoup apprécié James Spader dans The Office (US) et je sens qu’il apporte un gros potentiel à cette série dont le synopsis laisse présager du bon. Mais la gentille profileuse un peu sensible qui se transforme en quelques minutes en un agent de terrain à faire pâlir Jack Bauer, c’est tout simplement ridicule. Tout va beaucoup trop vite; on a l’impression d’avoir manqué des épisodes en cours de route. Crédibilité zéro.

Rectify (Saison 1 & Saison 2) : Très partagé. C’est une excellente production, là dessus il n’y a rien à dire. Mais je n’arrive pas à comprendre où les scénaristes veulent aller (le savent-ils ?) et donc à arrêter un avis. Le premier constat c’est que c’est extrêmement lent. A la fin des six épisodes de la première saison, je me suis honnêtement demandé si je n’avais pas raté quelque chose car tout ce qui s’est déroulé entre le premier épisode et la fin du dernier n’avait que peu d’intérêt pour l’histoire. Dans la seconde saison, les choses s’accélèrent enfin. Mais on reste dans la lenteur, ce qui n’est pas forcément un mal car ça laisse le temps de digérer ce que l’on voit. A la longue, les plans à la photographie très réussie deviennent toutefois un peu lassants. A se demander si on regarde un documentaire sur la Géorgie. Ou un drame familial. Ou une réflexion sur la liberté. Ou tout à la fois. Enfin voilà, c’est un peu confus.

Elementary (Saison 1 & Saison 2) : Après Rectify et son coté très pesant, j’avais besoin d’un peu de légèreté. Et quoi de mieux qu’un cop show, énième adaptation des aventures de Sherlock Holmes ? Avec quelques bonnes surprises, en passant par un Watson au féminin (signe inférieur à trois Lucy Liu) et un 221B Baker Street délocalisé à New York. Le reste est absolument conforme à mes attentes; un mix entre Sherlock Holmes et The Mentalist.

Modern Family (Saison 1 & Saison 2) : J’avais peur de partir sur une sitcom un peu craignons. Mais ce n’est absolument pas ça. Si l’on voit arriver les blagues à des kilomètres, cela n’empêche pas de rire avec joie quasiment à chaque fois ! Les épisodes s’enchaînent très rapidement et on prend plaisir à suivre l’évolution des personnages, en particulier les plus jeunes, avec d’importants changements physiques chez les acteurs dans la vraie vie. A suivre !

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What a wonderful world

Aux Etats-Unis, les familles de victimes de bavures policières ont parfois du mal à obtenir justice, mais une affaire à Chicago a poussé l’absurde à l’extrême : un agent de la police de Chicago, qui avait tué en décembre 2015 un jeune homme de 19 ans, se retourne contre ses parents à qui il réclame 10 millions de dollars (8,93 millions d’euros) de dommages pour avoir été traumatisé par le drame.
[Un policier de Chicago réclame 10 millions de dollars à la famille d’un jeune homme qu’il a abattu sur LeMonde.fr]

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Let’s Encrypt : M+3

Début décembre je commençais mes expérimentations sur Let’s Encrypt en utilisant leurs certificats sur plusieurs serveurs.

La grosse question concernait le renouvellement. Est-ce que tout allait bien se passer, et donc être totalement transparent pour l’utilisateur ?

La réponse est simple : oui !

Le seul problème concerne le système de gestion de certificats des navigateurs web. Je n’ai pas essayé de voir en détails, mais Firefox comme Chrome ne cherchent pas à obtenir la dernière version du certificat d’un site tant que celui-ci est valide.
Dans mon cas j’ai penché pour un renouvellement mensuel, mais les premiers jours suivants la mise à jour, mes navigateurs me donnaient le certificat du mois précédent; ce qui me portait à croire que le renouvellement ne s’était pas déroulé correctement.
Vérifications faites sur le serveur : les fichiers étaient bien à jour.

Pour Chrome à la limite pourquoi pas, mais c’est étonnant de la part de Firefox, sachant que Mozilla est l’un des partenaires principaux de l’initiative où ils ont décidé que les certificats à durée de vie courte devaient être la norme.

En dehors de ce point, je n’ai rien à signaler de particulier et j’attends le support officiel sur DSM pour passer mon NAS aux certificats Let’s Encrypt.

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Chapeau chinois

La grosse actualité de la semaine c’est la disparition annoncée de l’accent circonflexe dans la langue française… ou pas !

accent_circonflexe_twitter

Contrairement à ce que s’amusent à annoncer tous les médias amateurs de sensationnalisme, et comme le précise Les Décodeurs :

la réforme ne « tue » pas vraiment l’accent circonflexe. En réalité, celui-ci serait facultatif sur les « i » et les « u », mais demeurerait sur les « a » et « o ». En outre, il resterait employé dans d’autres cas :
Au passé simple  […]
À l’imparfait du subjonctif (troisième personne du singulier) […]
Au plus-que-parfait du subjonctif […]
Lorsqu’il apporte une distinction de sens utile : dû, jeûne, mûr, sûr… Dès lors que l’enlever créerait une confusion de sens entre deux mots (« mûr » et « mur », par exemple).
[Non, l’accent circonflexe ne va pas disparaître sur LeMonde.fr]

Ensuite cette actualité est un prétexte à basher une fois encore le Gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem en tête. Malheureusement ce n’est pas une décision gouvernementale :

Alors d’où vient la nouveauté ? En réalité, elle date de… 2008. A cette date, un Bulletin officiel de l’éducation nationale venait rappeler que « l’orthographe révisée est la référence ».
[…]
Mais alors, quelle est la nouveauté de 2016 ? « Cette fois, les éditeurs de manuels scolaires ont décidé de tous appliquer la réforme à la rentrée », explique-t-on au ministère. Jusqu’ici, en effet, ceux-ci appliquaient ou non les réformes orthographiques, de manière disparate.
[Non, l’accent circonflexe ne va pas disparaître sur LeMonde.fr]

Alors maintenant, quel est le vrai sujet ? Un éventuel nivellement par le bas de notre magnifique langue en remplaçant certaines règles par des transgressions courantes ? Toujours pas :

Ajoutons que l’Académie précisait déjà dans son document de 1990 :
« Les personnes qui ont déjà la maîtrise de l’orthographe ancienne pourront, naturellement, ne pas suivre cette nouvelle norme. »
[Non, l’accent circonflexe ne va pas disparaître sur LeMonde.fr]

Mais parlons-en du nivellement pas le bas.

Parmi ce que j’ai lu de pire, il y a ceux qui expliquaient que cela faciliterait l’arrivée des envahisseurs sur le territoire. Pour eux, seule une profonde réforme de la morale permettrait de leur éviter le zéro pointé.

Il y a les anciens qui expliquent que tout ça c’est la faute d’Internet, des réseaux sociaux, des SMS… Oui. La réforme publiée en 1990 était une conséquence directe de l’usage quotidien de ces technologies chez les francophones.

Et il y a les mieux que. Ceux qui crachent sur les personnes en situation de précarité et recevant des aides de l’État, sous prétexte que eux, ils se sont fait seuls, à la sueur de leur front. Faisant fi de l’entité ayant apporté les finances qui leur a permis de recevoir les meilleurs soins possibles dans un bâtiment sécurisé à leur naissance, qui a développé le réseau électrique qui permet de transporter aujourd’hui les électrons qui constituent leurs commentaires révoltés sur Internet, et quelques bricoles entre-temps.
Les mieux que donc, viennent nous expliquer avec des messages majoritairement chargés de fautes d’orthographe, que cette réforme est le signe du déclin de l’humanité; il-y-en a marre de céder aux assistés qui ne savent pas écrire !

En orthographe comme partout ailleurs, on a toujours quelqu’un qui est plus que nous, et un autre qui est moins que nous. Sauf quand on adhère au Front National ou que l’on participe à la Manif pour tous, avec ici de nombreux ex-æquo au sommet du classement de la fils-de-puterie.
Si je remarque facilement les plus analphabètes que moi, j’ai également parfaitement conscience d’être beaucoup moins pivotisé que de nombreuses personnes. Et je sais que cet article est très certainement bourré de fautes.

Pour moi c’est ça le français : une langue qui suit les règles de chacun.
Quand je lis un texte rédigé par un autre, je vais tiquer sur le non respect des règles que je connais mais je vais totalement passer à côté des fautes qui concernent des règles que je ne maîtrise pas. Les mêmes qui se seraient assurément glissées dans le texte si j’avais dû l’écrire.

Après tout nous ne sommes pas face à une science exacte suivant des règles bien précises. Si calculer que 2×2 font 5, cela pourrait avoir de lourdes conséquences si celui-ci sert à prédire la trajectoire d’une fusée. Mais écrire ognon dans une recette de tartiflette, quel en sera l’impact à part agresser l’œil du cuisinier avant que ce dernier bulbe ne s’en charge ?

vetements_fluo_annees_1980

Toujours à propos d’organe de la vision, lorsque l’on voit ce que l’on considère soit même comme une faute flagrante, on utilise l’expression : « ça pique les yeux !« . La même qu’utiliserait une personne découvrant pour la première fois des photos de vêtements fluorescents très à la mode dans les années 1980. Pourtant à l’époque ça ne choquait personne.

En tant que langue vivante, le français a aussi ses modes; et refuser de nouvelles règles qui prennent en compte des transgressions, c’est simplement refuser le changement, être un vieux croûton rétrograde qui ferait mieux d’apprendre le Latin ou de réfléchir un peu plus souvent avant de s’exprimer.